Monsieur le président, cher.e.s collègues,
Le projet Tarmaq repose sur la possibilité d’acquisition foncière d’une zone de 10,5 ha sur le territoire de la ville de Mérignac. Elle s’est matérialisée par une convention d’acquisition foncière, signée le 11 septembre 2019 par la Région, Bordeaux métropole, la ville de Mérignac et l’EPF Nouvelle-Aquitaine.
Par cet avenant, il s’agit de prolonger de trois ans la poursuite des opérations foncières, infructueuses aujourd’hui, pour la porter à 2026.
Au-delà du signal assez négatif donné par ces difficultés d’acquisition, le projet Tarmaq qui représente un coût d’investissement de 73 millions d’euros et de fonctionnement annuel de 1,3 million, nous semble totalement décalé au regard des enjeux actuels, tant pour ce qui relève de notre économie que de notre environnement.
Autant la reconversion de la filière aéronautique et l’accompagnement de ses talents nous semble une urgence, autant le « divertissement » autour du secteur aérien nous paraît à l’inverse des politiques responsables que nous devrions mener pour conduire à une société de sobriété et à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Ce projet a été pensé avant la pandémie. Qu’avons-nous retenu des métamorphoses du télétravail qui permettent d’éviter de nombreux vols professionnels intérieurs, européens ou internationaux ? Qu’avons-nous retenu de la place de l’aérien en tant que filière dont l’objectif ne semble que poursuivre comme avant, comme dans le monde d’avant… alors que le climat s’emballe et que la biodiversité s’effondre ? Visiblement bien peu de choses. « Tout changerait donc encore pour que rien ne change ».
Enfin, l’emprise foncière de ce projet est non seulement démesurée mais inadaptée, à l’heure où la ville doit se refaire sur elle-même et permettre d’économiser le foncier, de le dédier à des besoins fondamentaux pour les habitants (logements, services, une activité économique relocalisée), en évitant d’obliger nos concitoyens à s’installer dans les territoires périphériques, un phénomène dont nous ne connaissons que trop bien, depuis des décennies, les effets négatifs : multiplication de la circulation, nuisances environnementales, vulnérabilité des nappes phréatiques, pour une qualité de vie bien dégradée pour nos concitoyens, etc…
On peut même imaginer qu’avec de telles pratiques, vous nous soumettiez, dans les prochaines années, une délibération visant à financer une nouvelle déviation, pour justement répondre aux problèmes de trafic routier engendrés par cette urbanisation « de dépit ».
Si la gestion publique s’apparente souvent aux choix faits en matière d’affectations budgétaires, notre groupe considère cette dépense publique comme inadaptée, en lieu et place de projets bien plus structurants et essentiels : combien de financements d’associations, de soutiens au monde économique dans son ensemble pour des activités vertueuses d’un point de vue social et environnemental, d’aménagements en faveur de la protection de la biodiversité auraient pu être réalisés au lieu de ce projet en de nombreux points démesuré et dépassé ?
Pour ces trois motifs (opportunité, coût et emprise foncière), et parce que ce projet va à l’encontre des objectifs de la transition énergétique, notre groupe votera contre cette délibération.
Je vous remercie.
[Seul le prononcé fait foi]