Mission d’information et d’évaluation de la politique agricole et alimentaire régionale : les écologistes proposent de créer une Convention citoyenne sur l’eau

Suite à la crise agricole qui a éclaté dans l’Hexagone au début de l’année, le Conseil régional a créé une mission transpartisane pour évaluer la politique régionale en matière d’agriculture et d’alimentation. Vingt-cinq élu·es représentant l’ensemble des groupes politiques siégeant dans l’hémicycle ont auditionné des acteurs et des experts et avancé des préconisations. Les conclusions de la mission seront présentées en séance plénière ce lundi 23 septembre. Si les élu·es écologistes saluent la co-construction du rapport, iels restent néanmoins vigilants sur les suites concrètes qui lui seront données. Ils proposeront, ce lundi, la création d’une Convention citoyenne sur l’eau pour poursuivre et élargir les réflexions en associant les habitantes et habitants de Nouvelle-Aquitaine.

Les écologistes siégeant au Conseil régional ont apprécié le travail de co-construction qu’a permis la mission d’information et d’évaluation sur la politique agricole et alimentaire : « La mission s’est très bien déroulée. Le travail de co-construction du rapport fut très intéressant et d’autant plus appréciable qu’il est rare, ici à la Région, raconte Laurence Motoman, conseillère régionale écologiste dans les Landes et membre de la commission « agriculture », qui a participé à cet exercice inédit à la Région. Cependant, il faudra observer ce qui en est retenu sur le fond et quelles suites concrètes seront données. Il serait souhaitable de poursuivre la co-construction des politiques publiques ».

« Les problèmes des agriculteurs, qui ont déclenché la crise du début de l’année, ne sont pas réglés, notamment pour ceux qui ont des revenus très insuffisants et ceux qui attendent de l’aide pour s’adapter au dérèglement climatique. »

« Les politiques publiques doivent prendre la mesure du lien étroit entre revenu agricole, conditions de travail des exploitants et salariés, qualité de l’alimentation, développement des territoires et protection des écosystèmes », affirme Laurence Motoman.

Les écologistes ont proposé plusieurs pistes pour tenir compte des revendications des agriculteurs tout en favorisant la transition environnementale pour lutter contre le dérèglement climatique : un plan d’urgence pour le soutien à la bio, un abaissement des planchers d’aides pour que l’agriculture paysanne en bénéficie davantage, une sécurité sociale de l’alimentation, la généralisation des repas bio dans nos cantines, etc.

« Ces dernières années, même en pleine crise agricole, les mesures qui protégeaient les agriculteurs, les consommateurs et l’environnement ont été soigneusement détricotées par l’extrême-droite et les droites, dont les macronistes : approbation d’accords de libre-échange, remise en question des normes en agriculture, fin des zones « Indemnité compensatoire de handicaps naturels » (ICHN), baisse des aides à l’agriculture bio, affaiblissement du droit de l’environnement pour faciliter la construction de bassines et les élevages industriels… »

« Ces droites prennent systématiquement l’écologie comme bouc émissaire pour masquer leur volonté de toujours plus de dérégulation ultra-libérale. Une idéologie qu’on perçoit aussi à la Région dans certaines postures sur l’hydraulique agricole… Certains élus n’ont cessé de réclamer la suppression du règlement hydraulique et de toute éco-conditionnalité dans l’accès à l’eau. Nous croyons au contraire que l’eau est au cœur d’enjeux essentiels. C’est un commun, et sa gouvernance doit être largement partagée pour réussir l’adaptation au dérèglement climatique de toutes et tous. » rappelle Stéphane Trifiletti.


Pour continuer à travailler sur ce sujet en élargissant la réflexion, le groupe écologiste, solidaire et citoyen présentera, lundi, une motion pour créer une Convention citoyenne sur l’eau. Un panel de citoyennes et citoyens tiré·es au sort pourraient alors objectiver le sujet du partage de l’eau, accompagné·es par les experts et scientifiques du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) régional, « Acclimaterra », et en auditionnant de nombreux acteurs de la gouvernance et des usages de l’eau.