Les élu·es écologistes de Nouvelle-Aquitaine alertent sur l’effondrement de la biodiversité, du local au global, et exigent que la majorité régionale donne la priorité
à cet enjeu pour le budget 2025, en mettant notamment fin aux financements de projets régionaux destructeurs d’écosystèmes naturels. À l’heure de la 6ème extinction de masse des espèces, il est urgent de prendre des mesures fortes à l’échelle des territoires pour préserver les habitats de la faune et la flore sauvages et pour favoriser la biodiversité « domestique », essentielle pour la résilience de nos systèmes agricoles et alimentaires.
Échec à Cali et dans nos territoires
La récente COP 16 sur la biodiversité, qui s’est tenue à Cali, en Colombie, s’est soldée par un échec symbolique : faute de quorum, les représentants des 196 États signataires n’ont pas pu adopter les mesures de suivi de leurs engagements
précédents, notamment la protection de 30 % des terres et mers d’ici 2030. En conséquence, aucun indicateur concret, ni accord financier entre le Nord et le Sud, n’a été défini. Malgré l’instauration d’un fonds de partage des ressources génétiques, destiné aux peuples autochtones et alimenté par 1 % des bénéfices des entreprises utilisatrices, cette contribution reste facultative. Un exemple inquiétant du manque de volonté politique face à la crise de la biodiversité, qui se retrouve à l’échelle nationale et régionale.
Comme l’exprime Anne-Laure Bedu, conseillère régionale de Gironde, membre de la commission Développement économique : « Les signes d’alerte se multiplient en France et en Europe : la protection du Vivant sauvage subit une nette régression et c’est un paradoxe insupportable à l’heure où la disparition des espèces devient irréversible : selon le dernier rapport du WWF, la planète a perdu 73% des populations d’animaux sauvages en 50 ans ! À titre d’exemple, le loup, autrefois strictement protégé, voit sa protection allégée depuis le 25 septembre, permettant plus d’abattages ».
C’est pourquoi, en Nouvelle-Aquitaine, le groupe écologiste condamne fermement l’appel de la Coordination rurale 87 à « tuer le loup » et apporte son soutien à l’association One Voice, qui poursuit cette dernière en justice. De même, le hérisson d’Europe occidentale, jusqu’ici considéré en « préoccupation mineure », est désormais classé « quasi menacé », sa population ayant chuté de près de 30 % en dix ans en raison de l’usage massif des pesticides et des collisions routières.
« Ces deux exemples régionaux soulignent la nécessité de réfléchir ensemble à une réconciliation profonde avec le Vivant », propose-t-elle.
Des projets régionaux contestés pour leurs impacts dramatiques
Dans ce contexte, Anne-Laure Bedu appelle les élu·es locaux à une prise en compte de la biodiversité à la hauteur des enjeux.
« L’usine de dirigeables Flying Whales, par exemple, entraînerait la destruction de 75 hectares d’habitats naturels, dont des zones humides proches d’un site Natura 2000. Le 24 octobre, l’Autorité environnementale a rendu un avis défavorable à ce projet, confirmant les inquiétudes des écologistes, explique-t-elle. Or la Région a déjà dépensé plusieurs dizaines de millions d’euros pour ce projet destructeur. Dans la situation budgétaire difficile de la Région, qui va entraîner des choix douloureux, la biodiversité doit être au premier plan de nos priorités »
Quant à Christine Seguinau, coprésidente du groupe écologiste et membre de la commission Transports, elle souligne :
« Nous regrettons aussi que l’exécutif régional donne un avis défavorable à l’extension de la zone Natura 2000 sur l’ensemble du fleuve de la Garonne, souhaité par de nombreux acteurs locaux. Ou qu’il finance une piste de ski synthétique en plastique en pleine zone Natura 2000 dans les Pyrénées : des décisions incompréhensibles alors que la Région communique à tout va sur une prétendue politique « Neoterra » ! », ajoute-t-elle.
Soutien aux acteurs de la protection de la nature
Les écologistes dénoncent également les pressions croissantes, notamment budgétaires, sur les associations de protection de la nature, visées par un amendement anti-activiste dans le projet de budget 2025 et expriment leur soutien aux défenseurs de la faune et de la flore sauvages, de la biodiversité terrestre aux écosystèmes marins.
« Nous rappelons l’importance de préserver les droits du Vivant et d’accompagner les transitions sociales et économiques indispensables face à cette urgence », affirme Katia Bourdin, conseillère régionale en Charente-Maritime, notamment engagée avec plusieurs collègues dans la reconnaissance des droits du fleuve Charente.
Les élu·es écologistes de Nouvelle-Aquitaine en appellent à la responsabilité des élu-es de la majorité régionale pour stopper les projets destructeurs, imposés et inutiles dans le futur budget – contraint – 2025. Et ils invitent à protéger activement la biodiversité, notamment en consolidant le soutien de la Région aux associations et autres initiatives de protection de la nature, au bénéfice des générations présentes et futures.
Préserver la biodiversité terrestre et marine, visible et invisible, c’est protéger l’humanité.