Les élu·e·s du groupe écologiste, solidaire et citoyen de la Région Nouvelle-Aquitaine soutiennent l’appel de « Bassines non merci 86 » à une marche populaire et paysanne le 16 novembre à Saint-Sauvant (Vienne). Cette initiative rappelle l’urgence d’un moratoire sur la construction de ces réserves artificielles qui sont, de l’avis des scientifiques, une « maladaptation » au changement climatique. Malgré cela, le gouvernement, en pleine panique budgétaire, vient d’annoncer que les bassines bénéficieront d’un « fonds d’investissement hydraulique agricole », en plus des financements déjà énormes accordés par les agences de l’eau. Une tentative pour acheter la paix dans nos campagnes ?
La mégabassine de Saint-Sauvant (86), à 15 km de Sainte-Soline, fait partie du projet de construction de seize réserves de stockage, porté par la Coop de l’eau. Projet qui n’a jamais fait consensus. Le chantier de cette « mégabassine SEV14 » devait débuter en septembre. L’opposition populaire, les revers juridiques et les difficultés économiques ont contraint la Coop de l’eau à revoir son calendrier.
Également décriées par les scientifiques, ces bassines mettent en danger l’avenir de notre agriculture et de nos territoires, en retardant l’adaptation indispensable de certains modèles agricoles.
Pression sur la ressource en eau
« Contrairement à ce que voudraient laisser croire leurs promoteurs, les mégabassines ne sont pas alimentées par les eaux de pluie. Elles nécessitent des opérations énergivores de pompage dans les nappes phréatiques, explique Nicolas Gamache, conseiller régional écologiste des Deux-Sèvres. Ces pompages ont beau avoir lieu en hiver, ils accentuent la pression sur la ressource en eau. Elles transforment également une ressource courante et vivante en eau stagnante, qui s’évapore (entre 20 % et 60 %) et se dégrade. »
« Face à la dégradation de la qualité de l’eau du robinet et à la répétition des restrictions en eau, il est temps de reconsidérer la gestion et le partage de cette ressource limitée si l’on veut mettre fin aux conflits d’usage, souligne, quant à elle, Christine Graval, conseillère écologiste de la Vienne. Les mégabassines ont été inventées pour maintenir coûte que coûte un modèle agro-industriel dévastateur, consommateur de pesticides et qui ne bénéficie qu’à une minorité
d’agriculteurs. Ce modèle est non seulement inadapté face au changement climatique mais il en est aussi en partie responsable », explique Christine Graval.
Des alternatives sont possibles
« Il serait désastreux que, pour tenter d’acheter la paix dans nos campagnes, l’État continue à faire avancer ces projets à marche forcée, quitte à criminaliser les oppositions, met en garde Stéphane Trifiletti, conseiller régional de Charente-Maritime et coprésident du groupe. Cette semaine encore, pourtant, la ministre de l’agriculture a promis un chèque en blanc aux irrigants promoteurs des bassines, via un “fonds d’investissement hydraulique agricole”. Et ce en pleines
restrictions budgétaires, sans aucune transparence sur les montants, et alors que les problèmes de revenus agricoles restent sans solution malgré le mouvement social de début 2024 ! C’est lamentable », déplore-t-il.
Une autre trajectoire est possible : dans la Vienne, alors que le projet de trente bassines sur le bassin du Clain fait polémique, citoyens, élu·e·s et associations ont pris l’initiative en 2022 d’un projet de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE) d’initiative citoyenne pour une gestion de l’eau plus juste et démocratique.« Alors qu’une étude approfondie “hydrologie, milieux, usages et climat” (HMUC) a été réalisée pour déterminer objectivement la meilleure stratégie de gestion de l’eau, et avec le lancement d’un PTGE officiel porté par le département de la Vienne, nous pensons souhaitable de rouvrir le dialogue sur de meilleures bases et avec toutes les parties prenantes, de manière équilibrée et représentative des trois priorités d’usage : eau potable, milieu, activités économiques », propose Christine Graval.
Plusieurs élu-es du groupe écologiste seront présents à la mobilisation de BNM ce samedi 16 novembre à Saint-Sauvant, dont Christine Graval et Stéphane Trifiletti.