Extension d’une méga-scierie en Corrèze : une méga menace pour l’environnement et les riverains !

Le groupe écologiste, solidaire et citoyen apporte son soutien aux sept personnes appelées à comparaître ce début janvier pour avoir participé à des manifestations contre les mégabassines.

Implantée à Égletons (Corrèze), la S.A.S. Fargesbois souhaite doubler la surface de son vaste complexe industriel. Les élu∙es écologistes de la Région Nouvelle-Aquitaine dénoncent les multiples impacts environnementaux et sociaux dramatiques de ce projet : déforestation à outrance, disparition de la biodiversité, pollution de l’eau, accaparement de terres agricoles, expulsion d’habitant∙es et agriculteurs, nuisances sonores, problèmes de circulation routière…

« À l’heure où nous devons plus que jamais préserver la forêt en la gérant durablement pour limiter le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité, le projet d’extension de la méga-scierie Fargesbois à Égletons, commune de 4295 habitant·es en Haute-Corrèze, est une aberration totale », estime Amandine Dewaele, conseillère régionale écologiste de Corrèze.

 

Le groupe vendéen Piveteau Bois, à qui appartient Fargesbois, souhaite faire passer sa production à Égletons de 150 000 à 250 000 m3/an pour le sciage (+ 66 %), selon un article publié le 6 novembre dans Médiapart. Cela représente plus de la moitié du bois de sciage coupé annuellement dans la forêt limousine.

 

Le nombre de camions empruntant chaque jour la route du site devrait quant à lui doubler, pour s’élever à 165 en 2026.

Pour atteindre son plein potentiel, la méga-scierie lorgne sur des terres de riverains et d’exploitants agricoles voisines afin d’y stocker ses grumes. Tablant sur l’hypothétique création d’une cinquantaine d’emplois, la communauté de communes de Ventadour-Égletons-Monédières (CVEM) a lancé dès l’été 2021 une procédure d’expropriation.

 

« Nous dénonçons les coupes rases, la disparition de la biodiversité, le processus d’artificialisation de seize hectares de terres agricoles, le remblaiement de zones humides, l’expropriation de riverains et le bradage de notre agriculture au profit d’industriels de la forêt, énumère Amandine Dewaele. Nous alertons sur le danger pour l’environnement. Aux méfaits environnementaux et sociétaux, s’ajoutent des nuisances sonores pour les riverains qui subissent, de l’aube au crépuscule, les bruits provoqués par les machines de traitement, conditionnement et stockage du bois », poursuit l’élue. Elle s’insurge contre « l’indulgence des pouvoirs publics qui ont permis plusieurs extensions sauvages de la méga-scierie ces dernières années ».

 

En 2017, une inspection de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) avait en effet constaté que l’emprise industrielle de Fargesbois s’étendait sur 19,9 hectares, alors que l’autorisation d’exploitation obtenue par l’entreprise sept ans plus tôt ne portait que sur 7,1 hectares.

 

En outre, l’enquête d’utilité publique a été menée au pas de charge : la population avait 15 jours pour s’exprimer, en pleine période Covid, du 22 novembre au 7 décembre 2021.

« Ce projet d'extension est dévastateur pour la forêt corrézienne : il va totalement à contresens de la feuille de route de transition écologique Neo Terra et d’une gestion durable des massifs forestiers »

La préfecture de Corrèze a déclaré début 2022 l’utilité publique du projet, portant sur 16 hectares de terres, dont 11 doivent revenir à Fargesbois. Le juge d’expropriation doit se rendre sur les lieux le 1er décembre pour évaluer les biens à indemniser. Un recours a été déposé au tribunal administratif contre cette déclaration d’utilité publique (DUP).

 

L’argument mis en avant par certain∙es élu∙es locaux qui soutiennent ce projet écocide est la création d’une cinquantaine d’emplois directs. Mais son hyper-mécanisation ne nécessiterait que peu de personnel. Et c’est la fin programmée des dernières scieries du Limousin. Quel bénéfice pour les Corrézien·nes ?

 

« Ce projet dévastateur pour la forêt corrézienne va totalement à contresens  de la feuille de route de transition écologique Neo Terra et d’une gestion durable des massifs forestiers, proteste l’élue corrézienne. À l’instar de l’association Associtra, les militants écologistes, les élu∙es, des agriculteurs et des riverains se mobilisent sous diverses formes avec notamment, le 1er décembre, un rassemblement devant le domicile d’une octogénaire qui devrait être expulsée. D’autres actions sont envisagées comme une conférence-débat sur l’industrialisation de la forêt en 2023 », annonce Amandine Dewaele.