L’avenir des forêts et l’adaptation climatique

En cette Journée mondiale des forêts, les 126 élu·es écologistes des conseils régionaux souhaitent attirer l’attention sur la menace qui pèse sur les massifs forestiers français, et la nécessaire adaptation au changement climatique.

Les forêts nous rendent de nombreux services environnementaux et sanitaires comme l’accueil de la biodiversité, le stockage du carbone, la rétention et la filtration de l’eau, l’amélioration de la qualité de l’air et des sols.

Elles apportent également de nombreux services économiques et sociaux ; comme la production de bois matériau biosourcé et renouvelable, des lieux d’attractivité touristique, d’observation naturaliste, de cueillette ou de promenade. Depuis plusieurs années, les dérèglements climatiques – comme la hausse des températures, la fréquence des sécheresses et des tempêtes – s’ajoutent aux autres menaces sur la santé et l’avenir des forêts. En conséquence, il est urgent d’impulser une nouvelle gestion sylvicole et de nouveaux leviers politiques pour atténuer les risques de dépérissements des couverts végétaux protecteurs.

Les écologistes soutiennent une sylviculture mélangée à couvert continu ; car elle assure une grande diversité d’essences complémentaires « résineux-feuillus », préserve les sols, la biodiversité et répond aux conséquences des dérèglements climatiques. C’est la diversité d’essences végétales qui renforce la résistance des forêts aux sécheresses, tempêtes, incendies ou attaques d’insectes. L’infléchissement de la gestion forestière nécessite plus de temps que pour des systèmes agricoles ; les forêts doivent donc ne plus être envisagées comme des « plantations d’arbres », selon Francis Hallé, mais comme un écosystème complexe et fragile.

Ces orientations pourront être intégrées dans l’évolution des plans de gestion des forêts, et couplées à une limitation de la surface des coupes rases. Les écologistes proposent aussi de réformer la fiscalité forestière, pour qu’elle encourage le maintien des peuplements naturels et la durabilité de leur gestion. Par ailleurs, nous soutiendrons les petites entreprises de bûcheronnage, de sciage et d’artisanat, largement diminuées et délocalisées ces dernières décennies. Nous rappelons que le meilleur stockage du carbone est la construction bois et les produits bois à usage long, le Bois-énergie doit être utilisé en dernier usage.

Nous souhaitons que l’État et les collectivités locales développent une politique d’acquisition foncière de forêts. Aujourd’hui, seulement 25% des forêts sont publiques, contre 41% des forêts européennes. Les missions de l’Office National des Forêts doivent être réorientées pour la protection du vivant, la restauration des espaces naturels, une gestion multifonctionnelle et durable des forêts publiques et ses moyens humains doivent être à la hauteur des enjeux climatiques.

Cette transition sylvicole et ces investissements publics serviront les intérêts des générations futures, lutteront contre la prédation des ressources naturelles et permettront d’étendre les forêts, qui réduisent les risques climatiques, l’érosion de la biodiversité et l’émergence de nouvelles zoonoses. L’entrée en dialogue de 6 grandes ONG avec l’interprofession France Bois Forêts, est encourageante et doit être soutenue.

 

Signataires : 

Fabienne Grébert, présidente du groupe Les Écologistes (région Auvergne-Rhône-Alpes)
Claire Mallard, présidente du groupe Écologistes et Solidaires » (région Bourgogne-Franche-Comté)
Claire Desmares, présidente du groupe Les Écologistes (région Bretagne)
Jean François Bridet, vice-président délégué à la Biodiversité, aux Parcs naturels régionaux, à la Loire et rivières, à l’eau, à l’air et à la condition animal du conseil régional, membre du groupe Écologie et Solidarités (région Centre-Val de Loire)
Eliane Romani, présidente et Jean-François Secondé, vice-président du groupe Les Écologistes (région Grand Est)
Karima Delli, présidente du groupe Pour le Climat et Pour l’Emploi, et Marine Tondelier, cheffe de la délégation écologiste du groupe (région Hauts-de-France)
Ghislaine Senée, présidente du groupe Pôle écologiste et Julien Bayou, ancienne tête de liste et secrétaire national d’EELV (région Ile-de-France)
Rudy L’Orphelin et Laetitia Sanchez, co-président·es du groupe Normandie Ecologie (région Normandie)
Nicolas Thierry, président du groupe écologiste, solidaire et citoyen (Nouvelle Aquitaine)
Lucie Etonno, présidente du groupe l’Écologie Ensemble (région Pays de la Loire)

Avec le soutien de :

Yannick Jadot, candidat écologiste à l’élection présidentielle, député européen
Benoît Biteau, député européen
Monique de Marco, sénatrice de Gironde
Joël Labbé, sénateur du Morbihan
Jacques Hazera, expert forestier
Alain Persuy, écologue