Projet EMME : les écologistes de Nouvelle-Aquitaine affûtent leurs arguments contre l’implantation d’une usine à risque en zone inondable

Ce lundi 12 mai s’achève le débat public sur le projet EMME d’usine de conversion de nickel et de cobalt pour la filière batteries. Les élu·es écologistes du Conseil régional réaffirment leur opposition à l’installation de cette unité à Grattequina, sur les communes de Parempuyre et Blanquefort, en bordure de Garonne. Ils déposeront un cahier d’acteur détaillant leurs arguments. Ils appellent à manifester ce samedi à Parempuyre.

Les élu·es écologistes de la Région Nouvelle-Aquitaine ont participé aux réunions, visites et ateliers de la concertation organisée par la Commission nationale du débat public (CNDP) concernant le projet de l’entreprise Electro Mobility Materials Europe (EMME). Alors que celle-ci s’achève ce lundi , leurs nombreuses inquiétudes ne sont pas levées, au contraire.

 

« Le site retenu, en zone inondable dans l’estuaire de la Gironde, est totalement inadapté à l’accueil d’une usine classée Seveso seuil haut. »

« Le site retenu, en zone inondable dans l’estuaire de la Gironde, est totalement inadapté à l’accueil d’une usine classée Seveso seuil haut, souligne Christine Seguinau, conseillère régionale en Gironde et coprésidente du groupe écologiste. Le risque de pollution en cas de crue est important, d’autant plus que 2 200 conteneurs de substances toxiques seraient stockés à proximité immédiate du fleuve. »

« La société EMME doit impérativement mobiliser les moyens considérables dont elle dispose, avec l’appui de l’État et de la Région, pour trouver et aménager un autre site, plus adapté »

« Aucun projet industriel de chimie lourde ne peut se dire « vertueux écologiquement » quand il se fonde sur l’artificialisation de 20 hectares de terres agricoles et d’espaces naturels en partie en zone Natura 2000, de surcroît au bord de l’estuaire de la Gironde. Il existe des centaines de surfaces déjà artificialisées et non inondables en Nouvelle-Aquitaine. La société EMME doit impérativement mobiliser les moyens considérables dont elle dispose, avec l’appui de l’État et de la Région, pour trouver et aménager un autre site, plus adapté », ajoute Émilie Sarrazin, également conseillère régionale écologiste en Gironde.

« Nous déplorons un manque de garanties sur la souveraineté industrielle, au regard des filières d’approvisionnement en minerais et compte-tenu du montage financier du projet dont le principal actionnaire est basé en Suisse. Nous avons également de sérieux doutes sur les opportunités commerciales dans un contexte mondial très concurrentiel »

D’autre part, le modèle économique du projet soulève de nombreuses questions. « Nous déplorons un manque de garanties sur la souveraineté industrielle, au regard des filières d’approvisionnement en minerais et compte-tenu du montage financier du projet dont le principal actionnaire est basé en Suisse. Nous avons également de sérieux doutes sur les opportunités commerciales dans un contexte mondial très concurrentiel », relève la conseillère régionale écologiste en Gironde Anne-Laure Bedu.

 

Le process industriel prévu nécessite une importante alimentation en eau, qui s’effectuerait dans un premier temps par camions-citernes, ainsi qu’une énorme consommation énergétique. Mais cela est-il justifié ? « Compte-tenu de la raréfaction des ressources et de la nécessité d’alléger les véhicules, les technologies pour les batteries ont déjà beaucoup évolué. Le type de batteries pour lesquelles cette usine est prévue est déjà dépassé », poursuit-elle.

« Le soutien technique et financier de l’État et de la Région Nouvelle-Aquitaine pour appuyer la réindustrialisation ne doit pas se faire dans des conditions aussi risquées et aléatoires »

« Le projet comporte des risques majeurs pour l’environnement, la sécurité des personnes et les ressources naturelles. Il ne répond pas aux enjeux de souveraineté industrielle et de transition écologique. Le soutien technique et financier de l’État et de la Région Nouvelle-Aquitaine pour appuyer la réindustrialisation ne doit pas se faire dans des conditions aussi risquées et aléatoires », résume Christine Seguinau.

 

Soutenant la mobilisation citoyenne contre ce projet, le groupe écologiste, solidaire et citoyen de la Région Nouvelle-Aquitaine appelle à rejoindre la manifestation organisée par le collectif du Bois Vert, ce samedi matin à Parempuyre. Les conseillères régionales écologistes de Gironde Anne-Laure Bedu, Émilie Sarrazin et Christine Seguinau y participeront, ainsi qu’à la réunion de clôture de la concertation.