Ce lundi 25 mars, lors de la commission permanente, la Région pourrait accorder une subvention de 650 000 euros à l’entreprise Biosyl pour l’aider à ouvrir une gigantesque unité de production de pellets à Guéret (Creuse). Le groupe écologiste, solidaire et citoyen estime qu’une telle usine met en danger la forêt. Il s’oppose à ce projet potentiel destructeur de forêts à court terme et demande à la Région de ne pas le financer.
« Ce projet induit des coupes rases à court terme et un important trafic routier. Il va impacter l’ensemble de la Creuse et des départements limitrophes, explique Amandine Dewaele, conseillère régionale écologiste de Corrèze.
Selon un document confidentiel de Biosyl, révélé par l’association Canopée, cette usine compte s’approvisionner à 80 % dans les forêts de feuillus dans un rayon de 100 à 150 km autour de Guéret1, générant le passage de 40 camions par jour2 et un besoin de 140 000 tonnes de bois vert par an.
« Nous déplorons vivement que la préfète de la Creuse ait refusé d’ouvrir une enquête publique pour un projet d’une telle ampleur, ajoute Amandine Dewaele. Cela aurait permis une véritable étude d’impact environnemental et l’expression d’avis qualifiés. »
Par ailleurs, le projet d’aménagement de l’usine porte sur un vaste terrain de treize hectares, situé à cheval entre les communes de Guéret et Saint-Fiel. Les permis de construire ont été délivrés en décembre 2023. Mais une portion du projet se trouvant à Saint-Fiel est dans une zone naturelle, interdisant toute construction.
« Les associations environnementales Canopée et France Nature Environnement Creuse ont saisi la justice en février 2024 : un recours gracieux contre le permis de construire de Guéret et un recours contentieux contre celui de Saint-Fiel », indique Jean-Louis Pagès, conseiller régional de la Haute-Vienne et membre de la commission permanente.
Dans sa demande de subvention, Biosyl indique ne pas prévoir d’utiliser des connexes de scierie mais bien des bois sur pied. « Biosyl pourrait avoir très vite des problèmes d’approvisionnement en bois compte tenu de la quantité de bois nécessaire à l’alimentation de l’usine et aux nouvelles réglementations européennes de fin 2024 déclinant la loi pour la restauration de la nature… Cela rend le projet non viable à moyen terme, note Amandine Dewaele. Nous souhaitons que la Région retire cette délibération et organise très rapidement un travail de concertation entre acteurs ».
« Si la délibération n’est pas retirée, le groupe écologiste, lors de la commission permanente, votera contre la subvention de ce projet néfaste pour la Creuse », s’engage Jean-Louis Pagès.