Le démarrage des travaux de creusement de la bassine de Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres) par la Coop de l’eau est préoccupant, au lendemain de l’importante mobilisation citoyenne de Saint-Sauvant (Vienne) et en plein Congrès mondial de la Nature. Elle risque de compromettre pour longtemps une approche territoriale, apaisée et partagée de cette question de la ressource en eau au 21ème siècle, à l’échelle de Nouvelle Aquitaine.
« La précipitation à démarrer ces travaux est révélatrice d’une fuite en avant productiviste, reposant sur des effets d’aubaines quant aux financements publics, indispensables à cette construction, pointe Stéphane Trifiletti, conseiller régional de Charente-Maritime. Elle ne concourt pas à construire une politique hydro-climatique concertée avec l’ensemble des acteurs du territoire. Elle ne prépare pas la transition agro-écologique, l’adaptation et l’atténuation au dérèglement climatique, et donc la souveraineté alimentaire présente et future. Elle acte la privatisation de l’eau par quelques irrigants, minoritaires dans le monde agricole, au détriment de tous les autres usagers », regrette-t-il.
« Une seule bassine, c’est 5 à 7 hectares de terres artificialisées : quelle est cette agriculture qui accapare un bien commun aussi rare que l’eau et commence par supprimer le support même de toute agriculture, la terre cultivable ? », questionne Thierry Perreau, conseiller régional de la Vienne.
Alors que le tribunal de Poitiers a jugé la plupart des bassines de la Sèvre-niortaise et du Mignon en inadéquation au regard des volumes d’eau prévus pour l’irrigation, comment pourrait-on laisser se construire sept bassines (dont celle de Mauzé) alors qu’il est affirmé dans ce jugement que pour la quasi-totalité des réserves, le volume autorisé sera largement supérieur à ce qui a été consommé ces dix dernières années?
« Nous demandons l’arrêt des travaux de creusement de la bassine de Mauzé-sur-le-Mignon et la mise en œuvre d’un moratoire sur ces projets. C’est la seule solution démocratique raisonnable pour engager un véritable plan de gestion territorial de l’eau », affirme Nicolas Gamache, conseiller régional des Deux-Sèvres et maire des Châteliers.
Pour le groupe écologiste, solidaire et citoyen, les préalables de ce moratoire doivent s’inscrire dans une évolution radicale de la conception des politiques de l’eau : partir de la ressource disponible, aujourd’hui et demain ; sauvegarder la ressource des pollutions diffuses par l’extension des périmètres de protection des aires de captage ; placer les économies d’eau comme priorité absolue ; organiser une répartition équitable et solidaire des usages, reconquérir la biodiversité, construire une gouvernance garante de l’intérêt général et associant vraiment tous les usagers, y compris via des conventions citoyennes.
Le groupe écologiste, solidaire et citoyen au Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine