Centre de maintenance privé pour les TGV à Marcheprime : les élu·es écologistes de Nouvelle-Aquitaine demandent l’abandon du projet

Lisea, concessionnaire de la ligne à grande vitesse (LGV) reliant Bordeaux à Tours, souhaite implanter un centre de maintenance des TGV sur une parcelle boisée de 18 hectares à Marcheprime-Croix d’Hins. Les élu·es écologistes de la Région Nouvelle-Aquitaine dénoncent les impacts environnementaux et sociaux de ce projet : déboisement, perturbation des circulations de TER et nuisances pour les riverains sont au programme. Ils demandent son abandon.

La municipalité de Marcheprime s’apprêterait à décider de l’implantation d’un important centre de maintenance des TGV en 2026 à la Croix d’Hins. La signature du compromis de vente, d’un montant de 3 millions d’euros, pourrait avoir lieu avant la fin de ce mois de novembre, selon un article publié dans Sud Ouest.

 

« Ce projet nous inquiète à plusieurs titres : environnemental bien sûr, mais également en raison de son impact sur la circulation des trains sur la ligne », explique Vital Baude, conseiller régional écologiste de Nouvelle-Aquitaine et élu municipal à Arcachon. Pour se rendre au centre de maintenance, les TGV occuperont les sillons des autres trains, ce qui gèlera leur circulation pendant plusieurs minutes à chaque passage. « Cela risque de compliquer les fonctionnements des trains régionaux et du futur RER métropolitain Libourne-Bordeaux-Arcachon, qui doit pourtant devenir un axe structurant pour tout le département », déplore l’élu girondin. « Et les riverains, qui sont venus chercher le calme à Marcheprime, vont être exposés à des nuisances quasi constantes ».

 

Car le site devrait fonctionner de jour comme de nuit, y compris le week-end. « Même si la société Lisea s’engage à ne pas faire entrer ou sortir de TGV du site entre 23 heures et 4h30 du matin, ces plages horaires sont insuffisantes pour la préservation de la tranquillité des habitant∙es », estime-t-il.

 

« Ce projet nous inquiète en raison de ses impacts sur l'environnement et sur la circulation des trains régionaux sur la ligne Libourne-Arcachon-Bordeaux. »

Autre problème : l’artificialisation des sols, qui ne cesse de miter des espaces naturels indispensables. « Des coupes rases vont être réalisées sur 12 hectares de forêt et une zone humide de 4 hectares va être détruite ! Nous devons au contraire préserver ces écosystèmes pour limiter le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité, l’urgence est là et nous l’avons vécue douloureusement dans notre département l’été dernier », dit Vital Baude, qui interroge également le choix de la privatisation d’un nouveau pan des services publics ferroviaires : « d’un point de vue économique, confier la maintenance des TGV à une entreprise privée nous paraît contre-productif. C’est poursuivre l’éclatement des services ferroviaires, déjà morcelés par l’allotissement des TER, l’ouverture à la concurrence des TGV, le désengagement de l’Etat qui ne met pas les moyens pour entretenir et dynamiser le réseau. »

 

Enfin, les élu·es écologistes soulignent que de nombreuses interrogations demeurent. Comment ce centre de maintenance s’intègrera-t-il dans la gestion des transports ferroviaires de la Région ? Et au sein des stratégies nationales ? Quelles complémentarités avec les ateliers de maintenance de la SNCF déjà existants ? Quels financements publics sont envisagés ? Une fois le terrain vendu, quelle est la suite du processus ? Une étude d’impact sera-t-elle réalisée en amont ? « Pour toutes ces raisons, nous réclamons l’abandon de ce projet », conclut Vital Baude.