Alors que la marque chinoise de mode à bas prix Shein – dont les vêtements contiennent des substances toxiques, et au bilan carbone et conditions de travail désastreux – devient le premier vendeur de vêtements en France, nous regrettons que le gouvernement ait retiré de l’agenda du Sénat la proposition de loi contre la fast-fashion (ou mode express, mouvance de marques qui renouvellent leurs vêtements très vite, très souvent et pour pas cher), votée à l’unanimité par l’Assemblée nationale en mars 2024. Cette loi imposait aux enseignes d’habillement un bonus-malus proportionnel au score environnemental d’un
Conseiller régional écologiste, Karfa Diallo en a également été la cible. Les élu·es écologistes appellent l’État à prendre les mesures nécessaires pour enrayer ces actes racistes et anti-démocratiques.
vêtement, une mesure attendue par les industriels français.
Cette annonce survient alors que les acteurs du recyclage textile sont en grande difficulté.
En Dordogne, la recyclerie La Tresse, qui récupère 3000 tonnes de textiles chaque année, ferme ses portes après 16 ans d’activité, en raison de difficultés économiques et de saturation du marché. Malgré plusieurs alertes et réunions avec les collectivités, l’association n’a eu d’autre choix que de se déclarer en cessation de paiement. Conséquences : plus de 40 emplois sont menacés, et des milliers de tonnes de vêtements risquent d’être…enfouis, polluant durablement les sols.
« La Tresse incarne les valeurs de l’économie circulaire, de l’insertion professionnelle et de la solidarité. Sa fermeture serait une catastrophe humaine et écologique, souligne Marilyne Forgeneuf, conseillère régionale écologiste en Dordogne. Nous appelons les pouvoirs publics à soutenir cette structure essentielle et à relancer les discussions sur l’économie circulaire. »
En Corrèze, la Croix-Rouge ferme, à partir d’avril, ses 60 points de collecte à cause de la saturation du marché de la seconde main. « Le recyclage textile est une véritable question de gestion des déchets. L’augmentation massive de produits, souvent issus de la fast-fashion et donc de mauvaise qualité, rend difficile leur traitement et réemploi », alerte Amandine Dewaele, conseillère régionale écologiste en Corrèze et maître-composteure.
Les entrepôts d’Emmaüs à Niort et à Poitiers, ainsi que le Secours populaire en Haute-Vienne, sont eux aussi saturés face à l’augmentation des volumes de vêtements de piètre qualité.
« Il manque en France et en Europe une filière structurée et soutenue par la puissance publique qui aide à valoriser les déchets textiles en rendant cette filière concurrentielle sur des marchés comme l’industrie automobile ou la rénovation des bâtiments, créateurs d’emplois dans l’ESS », pointe Maryse Combres, conseillère régionale en Lot-et-Garonne, qui travaille sur l’économie circulaire.
D’autant que depuis le 1er janvier 2025, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (loi Agec) interdit de jeter les vêtements à la poubelle, sous peine d’amende.
Les 19 élu·es écologistes de la Région demandent à l’État de prendre ses responsabilités et de reprendre rapidement les travaux parlementaires sur la fast-fashion et autour de cette problématique du textile, qui touche de nombreux territoires en France.
« Nous rencontrons actuellement les acteurs de la filière textile (associations caritatives et ressourceries) pour envisager les solutions possibles et poursuivre le cercle vertueux en dépit des difficultés », indique Amandine Dewaele.
Les élu·es appellent également les collectivités locales et le Syndicat départemental des déchets de la Dordogne (SMD3), à renforcer leur soutien aux initiatives de recyclage et d’insertion professionnelle en attendant une solution nationale.