Propos liminaires de Stéphane Trifiletti, co-président, pour le groupe écologiste, solidaire & citoyen.
Propos liminaires de Stéphane Trifiletti, co-président, pour le groupe écologiste, solidaire & citoyen.
« Monsieur le président, mes chèrEs collègues,
Permettez-nous tout d’abord de remercier notre assemblée qui en responsabilité a voté un vœu, à notre initiative, demandant le retrait de la réforme des retraites à Mme Borne lors de la plénière de février, reflétant ainsi démocratiquement la position de l’immense majorité des néo-aquitains.
Sur le fond, l’allongement de la durée du travail n’est pas une simple mesure technique. C’est une régression majeure, une bombe à fragmentation sociale dont la journée de demain risque de donner encore toute la mesure. Faire passer une telle loi sans vote de l’Assemblée nationale, c’est une attaque impardonnable contre notre démocratie. Et nous le disons calmement mais fermement : Quand on gouverne contre le peuple, quand on gouverne contre les corps sociaux et les territoires, quand on confond pseudo-légalité et démocratie, alors on est disqualifié pour incarner la République.
C’est dans ce contexte délétère que les experts climat de l’ONU ont livré le dernier consensus scientifique sur le réchauffement climatique. Le lendemain, de cette publication Claude Lorius nous quittait. Il était celui qui avait découvert le lien entre gaz à effet de serre et réchauffement climatique. Nous tenons à lui rendre un hommage appuyé : Par ses recherches durant près de quarante ans, Claude Lorius fut l’un des artisans majeurs de cette prise de conscience planétaire que l’activité humaine est en train de modifier profondément le climat, appelant à la mise en place urgente de politiques ambitieuses.
Ce dernier rapport du GIEC établi que le réchauffement climatique causé par l’activité humaine se produit plus vite et plus fort que prévu. En outre, ce dernier rapport a mis en évidence le risque d’atteindre des « points de bascule », synonyme d’impacts irréversibles, voire d’emballement.
Nous savons et nous voyons : des sécheresses, des ouragans, la fonte des glaciers, les canicules, les incendies… alors que l’État a été condamné plusieurs fois pour inaction climatique. Alors que la Région n’a toujours pas publié son bilan GES comme nous le proposons depuis de nombreuses années : Notre Région n’est pas en conformité avec la loi comme le rapporte un article du journal Le Monde du 24 mars dernier …
Les écologistes préviennent depuis 50 ans sur ce qui est en train de se passer… L’exemple de la gestion de l’eau est frappant.
Dans le contexte de raréfaction de l’eau, quelques acteurs économiques cherchent à l’accaparer, notamment en construisant des méga-bassines entourés maintenant de barbelés !
Sur ce dossier sachez-le, nous désapprouvons et condamnons clairement toute violence. Toute personne qui attaque les forces de police et veut en découdre avec elles, n’est ni écologiste, ni républicaine. Et nous la condamnons sans réserve. Nous répétons encore et encore avec beaucoup de gravité : Ces groupuscules violents ne sont ni écologistes, ni républicains. Ils salissent le combat écologiste et tout amalgame avec les militants associatifs est une insulte à 50 ans d’écologie non violente.
Ces groupuscules sont les idiots utiles des promoteurs des bassines, car le spectacle inqualifiable qu’ils ont donné à voir, brouille le message impératif porté par les collectifs citoyens autour de l’accaparement de l’eau.
Nous condamnons aussi l’usage de la violence étatique disproportionnée pour défendre un cratère creusé dans le calcaire. Un trou. Nous sommes bien loin de l’intérêt collectif. Nous condamnons les dérives du gouvernement qui a mis illégalement sur écoute des élus écologistes selon le Canard enchaîné.
Que dire quand les quads de la gendarmerie prennent la foule à revers au lance-grenade comme à la vieille époque Pasqua-Pandreau et tirent au milieu de la foule ? Les observateurs de la Ligue des droits de l’homme ont confirmé aussi avoir “constaté l’entrave par les forces de l’ordre à l’intervention des secours pour une situation d’urgence absolue ». Ils détaillent : « Le Samu a indiqué, […] lors d’une conversation à laquelle les avocats de la LDH ont assisté, que le commandement sur place leur avait donné l’ordre de ne pas intervenir. » D’ailleurs les communiqués officiels l’avaient caché.
Nous pensons très fort à toutes les victimes de ces violences, dont au moins trois très grièvement blessés. Tristesse absolue, un jeune homme de 30 ans est bien entre la vie et la mort en ce moment.
La réalité, et je peux en témoigner car j’étais présent, c’est que ce sont les élus écologistes qui ont protégé les blessés sous un déluge de projectiles en organisant un cordon sanitaire et c’est tout à leur honneur.
Cette maladaptation par les bassines ne peut continuer : c’est une impasse collective. Depuis 20 ans, ces projets sortent de terre, avec une opposition toujours plus forte des scientifiques et des autres usagers de l’eau, confortée par les décisions des tribunaux administratifs qui à plusieurs reprises ont déclaré la construction ou l’utilisation de ces méga-bassines illégales. Dernière en date : le rendu de la cour d’appel du tribunal administratif de Bordeaux le 7 mars dernier.
L’Etat n’a pas pour autant suspendu ses financements et mobilise plusieurs milliers de policiers à chaque manifestation. Autoriser, financer et protéger des ouvrages illégaux qui endommagent les écosystèmes, voilà la réalité du profond mépris étatique…de l’Etat de droit ! Nous le répétons sans cesse : la Région ne peut cautionner ni s’inscrire dans ce schéma de la prévarication de la ressource par une infime minorité au détriment de l’intérêt général. Le gouvernement ne connaît que l’outrance et la répression brutale contre tout le mouvement social pour l’eau !
Ce ne sont pas l’immense majorité des manifestants anti-bassines – non violents – qui font courir un danger à la démocratie : c’est l’entêtement du pouvoir à protéger les activités qui détruisent le vivant. Rien de constructif ne peut sortir des méga-bassines : elles ne peuvent que perpétuer une agriculture que notre écosystème ne peut plus supporter.
La confédération paysanne, la LDH ou encore la Fondation Danielle Mitterrand appelaient d’ailleurs à venir dans le marais poitevin afficher leur solidarité avec les collectifs et habitant·es mobilisé·es contre ces projets de méga-bassines.
Un moratoire immédiat pour retravailler ces questions est indispensable, nous le disons depuis si longtemps. Nous avons passé tout le précédent mandat à vous l’expliquer et vous le demander. La désescalade et le dialogue sont nécessaires. La brutalisation et les mensonges sur le dossier de l’eau ça suffit ! Aujourd’hui encore moins que dans le mandat précédent, les aides de la Région au financement des bassines dans ce contexte ça suffit aussi ! Nous demandons que les 4M d’€ dédiés aux ouvrages d’irrigation soient discutés démocratiquement directement dans notre assemblée plénière, et pas en catimini.
Nous souhaitons et proposons de vous rencontrer au plus vite Monsieur le président, afin d’entamer un échange constructif, permettant de formuler des propositions et ainsi renouer le dialogue entre toutes les parties dans nos territoires.
Dans cette période de crises, notre assemblée régionale ouvre aussi aujourd’hui le chantier fondamental de révision des aides régionales en, réinterrogeant les Eco Socio Conditionnalités, au moment même ou des pans entiers de notre économie s’avèrent obsolètes au regard de l’anthropocène.
Notre responsabilité est grande pour rediriger notre économie régionale vers des modèles vertueux permettant de répondre aux enjeux du temps.
Pour résumer nous dirions que le travail est inabouti : La réflexion menée sur les ESC et le RI des aides régionales semble pour partie obsolète dès sa mise au vote. Les anciennes recettes du développement durable ne sont que des façons de colmater un modèle de fait à bout de souffle.
Nous vous proposerons une approche alternative via la voix d’Anne Laure Bedu tout à l’heure qui vous expliquera comment les limites planétaires doivent être prises en considération. Ce sera aussi le sens de nos amendements.
Transports maintenant : concernant le retour du Conseil d’orientation des Infrastructures, Elisabeth Borne a certes annoncé 100 milliards, mais avec une part de l’État réduite à 25 milliards. En clair, le gouvernement fait des promesses avec l’argent des autres et ce sont nos collectivités qui casqueront via des taxes injustes.
Nous rappelons que nous sommes pour la modernisation des lignes ferroviaires existantes plutôt que les LGV aux coûts astronomiques, aux conséquences désastreuses pour la biodiversité. Nécessité des trains du quotidien / Grands projets inutiles et imposés. Nos craintes sont particulièrement grandes concernant l’axe Angoulême-Limoges par exemple.
Nécessaire de rappeler encore et encore : Actuellement la Région Nouvelle-Aquitaine a pris des engagements fermes pour financer les LGV mais n’a toujours pas programmé un euro, pas un euro sur les 900 millions promis dans le protocole des petites lignes de 2020…
Nous vous suggérons en fin de plénière 2 motions : une motion pour lutter contre la précarité menstruelle notamment chez les jeunes femmes lycéennes et en formation.
Une autre motion pour mieux soutenir les acteurs du monde viticole du Bordelais via un accompagnement l’emploi et des terres agricoles.
Merci de les accompagner favorablement.