
À l’occasion de la séance plénière du 18 & 19 décembre 2024 le groupe écologiste, solidaire et citoyen a déposé une motion pour :
Un soutien inconditionnel de notre Région aux universités en danger
Le désengagement de l’État dans les politiques de soutien à l’enseignement supérieur, avec une baisse constante du budget alloué, atteint aujourd’hui un seuil inacceptable. Par le relèvement de la contribution au CAS Pension (cotisation retraite employeur) pour un montant de 180 millions d’euros, décidé par simple décret, l’État va précipiter la dégradation de la situation budgétaire des universités, tant sur leurs capacités d’investissement que sur celles de leur fonctionnement. Il est temps de sortir des injonctions contradictoires de l’État qui, tout en affichant des ambitions fortes pour l’enseignement supérieur et la recherche, condamne les universités à des contraintes qui les mettent en péril ! Déjà fortement engagées dans les efforts d’économies budgétaires, elles ont massivement dû faire face, ces dernières années, à l’augmentation de leurs dépenses courantes, sans compensation (salaires, hausse des prix de l’énergie, etc.).
Aujourd’hui, le système éducatif permet à 82,8 % des jeunes d’une génération d’obtenir le baccalauréat (chiffre 2021). Plus de 70 % de ces lauréats poursuivent leurs études dans l’enseignement supérieur, notamment dans les universités. Elles sont des lieux majeurs de transmission et de fabrique du savoir. Elles sont aussi l’un des principaux vecteurs de la mobilité sociale et une condition décisive de l’accès à l’emploi. Sans elles, pas de médecin, pas d’enseignants, pas de chercheurs ou de comptables, comme le rappellent les six présidents d’université dans leur communiqué de presse d’alerte du 2 décembre sur « Les universités en danger ».
Pourtant, l’université s’ubérise : les vacataires représentent près de deux-tiers des personnels enseignants des universités françaises. Le recours à ces travailleurs précaires a augmenté de 30 % en 7 ans. Une heure de vacation coûte en effet 5 fois moins cher qu’une heure de cours assurée par un titulaire !
Si, depuis la loi de 2007 relative à l’autonomie des universités, le recrutement et la gestion de la masse salariale ont été transférés de l’État aux universités, les subventions correspondantes (« pour charges de service public ») n’ont pas augmenté en proportion de l’augmentation des effectifs. Ce système fragilise autant la qualité des enseignements que la pérennité du système éducatif.
Pire, les mesures qui avaient été annoncées dans la loi de finances 2025 faisaient craindre de graves conséquences pour les universités : réduction des capacités d’accueil à l’admission, fermeture de formations, fermeture de certains campus, réduction de la qualité des services, gels de postes, non recrutement de doctorants.
C’est toute la chaîne de transmission de la connaissance et du savoir qui pourrait basculer. Nous refusons que l’enseignement supérieur et la recherche soient – au sein du projet de loi de finances 2025 – la variable d’ajustement de la politique budgétaire calamiteuse menée par les gouvernements successifs d’Emmanuel Macron ! On ne peut sacrifier l’avenir de notre jeunesse sur l’autel de l’austérité budgétaire qui les condamnera, à moyen et long terme. Notre pays et notre Région, ont mieux à offrir aux 220 000 étudiantes et étudiants qui font le choix de se former en Nouvelle-Aquitaine.
En effet, les enjeux de formation, de recherche et d’innovation reposent sur ce socle dur que constituent nos 64 sites d’enseignement supérieur, avec 6 sièges universitaires et 13 sites universitaires, répartis sur l’ensemble du territoire. Nous devons continuer et accentuer le soutien régional à ce maillage territorial qui assure l’équité de l’accès à l’enseignement supérieur et permet un aménagement du territoire équilibré.
Pour ces raisons, le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine réuni en séance plénière les 19 et 20 décembre 2024, s’engage à adresser :
- un courrier de soutien aux présidentes et présidents des six universités néo-aquitaines ;
- un courrier au ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche afin de réclamer des moyens supplémentaires.
Tout en assumant que la Région ne peut se substituer à l’État, à qui il revient de prendre ses responsabilités, le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine s’engage à accentuer ses efforts de soutien notamment sur :
- le maillage territorial des universités et sites universitaires ;
- la santé et la lutte contre la précarité alimentaire des étudiant·es ;
- le logement étudiant ;
- et toute mesure permettant l’amélioration des conditions de travail des personnels.