Nicolas Gamache

Mégabassines : stopper la criminalisation et rouvrir le dialogue

 Alors que la sécheresse sévit toujours en France et dans notre région, neuf militants anti-bassines comparaîtront devant le tribunal correctionnel de Niort ce vendredi 8 septembre pour avoir organisé une manifestation. Les élu·es du groupe écologiste, solidaire et citoyen de la Région Nouvelle-Aquitaine leur apportent leur soutien et rappellent que ces réserves artificielles représentent, de l’avis des scientifiques, une maladaptation au changement climatique qui met en danger l’avenir de notre agriculture et de nos territoires.

Les étés 2022 et 2023 ont été marqués par des sécheresses importantes : les nappes souterraines sont à des niveaux historiquement bas. De nombreux départements subissent des restrictions d’eau. Face à ce phénomène qui s’amplifie d’année en année, rendant visible le réchauffement climatique, Alain Rousset et sa majorité régionale persistent à soutenir la création de mégabassines, au diapason de l’État qui, lui, va jusqu’à criminaliser les opposants. Ces réserves creusées dans la terre visant à stocker en plein air de l’eau puisée dans les nappes superficielles en hiver, afin que quelques agriculteurs en disposent l’été.

Ce modèle est pour nous le symbole de la maladaptation d’une solution face à la crise de l’eau, et nous refusons ce choix, comme de nombreux experts scientifiques.

Fin août, le « convoi de l’eau », périple à vélo de Lezay (Deux-Sèvres) à Paris, a porté ce message et sensibilisé les habitants des campagnes traversées, réaffirmant la non-violence de l’immense majorité des opposants aux mégabassines. Pour éviter l’accaparement d’un bien commun vital et sortir de cette guerre de l’eau, la demande d’un moratoire a été portée jusqu’à la préfète en charge du bassin Loire-Bretagne. Les travaux pour la création d’une troisième retenue artificielle dans les Deux-Sèvres ont pourtant été lancés le 28 août.

« C’est une provocation inutile et mortifère. Ce n’est pas quand elles seront construites qu’on pourra rouvrir le débat ! »

Alors que s’ouvre le procès de neuf militants anti-bassines ce vendredi 8 septembre au tribunal correctionnel de Niort (Deux-Sèvres), suite à la manifestation de Sainte-Soline du 25 mars, le groupe écologiste au Conseil régional souhaite apporter tout son soutien aux neuf activistes.

 

« La réponse aux épisodes de sécheresse et au manque d’eau ne réside pas dans ces réserves d’eau très controversées. Elle réside notamment dans une évolution des pratiques agricoles vers des cultures moins gourmandes en eau », souligne Nicolas Gamache, conseiller régional des Deux-Sèvres.

 

« Nous demandons à l’Etat de cesser la criminalisation des militants écologistes et à la Région de ne plus cautionner la confiscation de l’eau, bien commun, par une minorité d’agriculteurs »  résume Stéphane Trifiletti.

 

Une autre trajectoire est possible : dans la Vienne, alors que le projet de trente bassines sur le bassin du Clain fait polémique, élus et associations ont pris l’initiative d’un projet territorial de gestion de l’eau « PTGE » citoyen pour une gestion de l’eau plus juste et démocratique.

 

« Alors qu’une étude approfondie, “hydrologie, milieux, usages et climat” a été réalisée pour déterminer objectivement la meilleure stratégie de gestion de l’eau, nous pensons souhaitable de rouvrir le dialogue sur de bonnes bases et avec toutes les parties prenantes. »

Bassines : la Région doit clarifier sa position

Lors de la commission permanente du lundi 13 mars, la majorité régionale a émis un avis “réservé” sur la révision des règles de gestion des eaux du bassin de la rivière Boutonne. Une attitude bien trop timorée, voire ambigüe, alors que cette révision vise à permettre aux agriculteurs irrigants des niveaux de prélèvement d’eau insupportables pour les milieux naturels. À terme, cette révision a pour objectif de rendre possible la construction de 21 nouvelles mégabassines en Charente-Maritime !

Les élu·es écologistes ont voté contre cet avis bien insuffisant pour infléchir une situation de plus en plus conflictuelle, sous la pression de l’agro-industrie, avec la complicité  de l’Etat.

Les effets du dérèglement climatique sont déjà visibles, les sécheresses se multiplient, les zones humides et la biodiversité sont à l’agonie. Nous plaidons pour une baisse de la consommation d’eau et un meilleur partage de cette ressource et demandons que la Région cesse son double discours.

Depuis plus de trente ans, la rivière Boutonne – qui coule dans les départements des Deux-Sèvres et de la Charente-Maritime, et se jette dans le fleuve Charente -, et les nappes souterraines atteignent presque chaque été des seuils critiques. En cause : une pluviométrie insuffisante, des vagues de chaleur de plus en plus fréquentes et le développement de cultures très gourmandes en eau. 

 

Dans ce contexte dégradé, la révision du Schéma d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE) du bassin de la Boutonne, qui va maintenir des volumes prélevables insoutenables jusqu’en 2027, est un non-sens.

« La réponse aux épisodes de sécheresse et au manque d’eau ne réside pas dans ces réserves d’eau très controversées et sévèrement contestées par les scientifiques. Elle réside dans une évolution des pratiques agricoles. »

« Cette décision est motivée par le projet de réaliser à terme 21 nouvelles bassines sur la Boutonne, alors que le Tribunal de Poitiers a annulé leur autorisation en février 2021, dénonce Stéphane Trifiletti, conseiller régional de Charente-Maritime et coprésident du groupe. La France est actuellement en pleine sécheresse hivernale. La recharge des nappes souterraines est tardive et insuffisante, l’été s’annonce difficile. La situation est grave. Aussi, nous demandons à la Région de ne plus cautionner la confiscation de l’eau, bien commun, par une minorité d’agriculteurs irrigants. Il faut prendre des mesures d’anticipation pour enfin changer les pratiques agricoles : produire moins de maïs, sortir des pesticides, économiser et mieux partager l’eau. »

 

Une autre trajectoire est possible : dans la Vienne, alors que le projet de trente bassines sur le bassin du Clain fait polémique, citoyens, élus et associations ont pris l’initiative d’un projet territorial de gestion de l’eau “PTGE” pour une gestion de l’eau plus juste et démocratique. Un collectif de 14 associations a également demandé, le 9 mars dernier, un moratoire immédiat sur les projets de réserves de substitution et dénoncent le passage en force que constitue la construction des réserves de Mauzé-sur-le-Mignon et de Sainte-Soline malgré les recours.

 

 

« La réponse aux épisodes de sécheresse et au manque d’eau ne réside pas dans ces réserves d’eau très controversées et sévèrement contestées par les scientifiques. Elle réside dans une évolution des pratiques agricoles, souligne Christine Graval, conseillère régionale de Vienne. Nous cherchons un vrai partage de l’eau, en accord avec la loi sur l’eau et les milieux naturels et basé sur la réalité de la ressource. »

 

Pour Nicolas Gamache, conseiller régional des Deux-Sèvres : « La Région Nouvelle-Aquitaine doit cesser de soutenir, de manière plus ou moins déguisée, un modèle agricole intensif et dépassé, pour une poignée d’irrigants. L’argent public devrait être investi dans la transition agroécologique, avec des économies d’eau, notamment en changeant les variétés cultivées. »

Le groupe écologiste, solidaire et citoyen soutient depuis toujours la mobilisation contre les mégabassines. Alors qu’un grand rassemblement est prévu le week-end du 25 mars, les élu-e-s écologistes rappellent leur attachement au juste partage de l’eau, bien commun, et à la non-violence.

Bassines : les élu·es écologistes dénoncent un premier financement de la Région

Lors la commission permanente du lundi 6 février 2023, l’exécutif de la Région Nouvelle-Aquitaine s’apprête à financer une partie du protocole bassines dans les Deux-Sèvres. Les élu·es écologistes dénoncent un passage en force et un choix délétère.

Une subvention de 20 000 euros à la Coop de l’eau, qui porte les projets de bassines dans les Deux-Sèvres, est inscrite à l’ordre du jour de la commission permanente du 6 février. Ce financement destiné à « accroître la compétitivité et l’adaptation des exploitations agricoles » servira en réalité à financer une étude sur la biodiversité sur les secteurs concernés par la création des 4 premières bassines. La Coop de l’eau va ainsi être aidée par la Région pour étudier les dégâts qu’elle va elle-même occasionner sur la biodiversité.

 

Pour Nicolas Gamache, conseiller régional des Deux-Sèvres « c’est un passage en force sournois : ce soutien aux bassines a été noyé dans une délibération prévoyant d’autres ouvrages hydrauliques. Ce qui devait être la colonne vertébrale du protocole d’accord des Deux-Sèvres, la biodiversité, n’est plus qu’un alibi. » Les élu·es écologistes dénoncent une grave erreur de la majorité régionale avec cette délibération qui inaugure les financements régionaux de ces réserves d’eau très controversées, et sévèrement contestées par des scientifiques.  

« L’argent public devrait être investi dans la transition agroécologique et le partage de la ressource en conformité avec le code de l'environnement, pas l’inverse ! »

« La Coop de l’eau semble arriver à ses fins, poursuit Nicolas Gamache. Nous demandons le retrait immédiat de ce dossier car il n’est pas question de laisser la Région Nouvelle-Aquitaine subventionner une étude qui permettrait de soutenir un modèle agricole intensif et dépassé, pour une poignée d’irrigants. L’argent public devrait être investi dans la transition agroécologique et le partage de la ressource en conformité avec le code de l’environnement, pas l’inverse ! »

Espionnage du père de Julien Le Guet : un « Bassines Gate » ?

Le groupe écologiste, solidaire et citoyen de la Région Nouvelle Aquitaine appelle à l’ouverture immédiate d’une enquête, suite à la découverte de matériel de surveillance à proximité du domicile du père de Julien Le Guet, porte-parole et figure de proue du collectif « Bassines non merci ».

« Devant ces faits gravissimes, notre groupe rappelle que l’espionnage de nature idéologique ne saurait être toléré dans un état de droit. Si cela était avéré, il y aurait un véritable « bassines gate » que la justice devrait sanctionner fermement », s’indigne Stéphane Trifiletti, conseiller régional de Charente maritime.

« Surveiller ainsi les proches d’un leader d’une lutte écologiste, cela ressemble beaucoup à une tentative d’intimidation comme cela se pratique malheureusement dans de nombreux pays peu soucieux de liberté d’expression… C’est un comble que celles et ceux qui militent pour nous éviter des désastres écologiques se retrouvent menacés », poursuit Nicolas Gamache, conseiller régional des Deux-Sèvres.

Le groupe écologiste du conseil régional se mobilisera le week-end prochain lors de la grande manifestation contre les méga-bassines, à La Rochénard (Deux-Sèvres).