Propos liminaires

Plénière des 12 & 13 juin 2023 – Propos introductif de Christine Seguinau

Propos liminaires de Christine Seguinau, co-président, pour le groupe écologiste, solidaire & citoyen.

« Monsieur le Président, cher-e-s collègues

 

Nous tenons tout d’abord à exprimer notre soutien aux victimes et à leurs familles face au drame qui a eu lieu à Annecy.

Solidarité également aux victimes des phénomènes climatiques violents qui se passent à une fréquence de plus en plus rapprochée : inondations en Italie, dans notre région jumelle d’Emilie-Romagne; méga-feux au Québec (et nous vous remercions pour votre réponse à notre proposition d’aide à cette région), et déjà des dégâts sur les cultures dans notre région.

 

Le dernier rapport du GIEC nous alerte et répète que l’urgence est là car les prévisions sont plus rapides et plus violentes que prévues. D’autre part le rapport Pisani-Ferry montre l’urgence absolue à réorienter les financements des politiques publiques, pour faire face au choc à venir des +4°C annoncés – +8 C en Nouvelle-Aquitaine l’été !


Il est urgent de changer d’échelle !

 

Après des décennies à alerter, des scientifiques prévoient une forte probabilité qu’à partir de 2030, les étés seront sans glace de mer en Arctique ; avec pour conséquence l’augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes : vagues de chaleur, incendies de forêt et inondations. Ce que nous connaissons actuellement n’est que la bande-annonce de ce qui nous attend. Nous devons nous préparer et nous adapter à ce réchauffement plus rapide et à ses répercussions sur la société humaine et les écosystèmes.


Et je le rappelle : notre région est déjà fortement soumise au risque de submersion.

 

Nous avons le devoir d’agir et vite, la Région est le chef de file de nombreuses politiques et a donc les moyens de peser fortement pour réduire nos émissions de GES !


Elle doit s’engager pour le long terme en prenant des mesures d’adaptation et renforcer les mesures sociales et égalitaires !

Nous sommes dans une urgence écologique, plus le temps d’improviser ! Nous alertons depuis longtemps pour avancer : il faut absolument un débat de qualité pour mener une politique publique concertée.

 

En octobre je vous avais demandé, monsieur le Président, de pouvoir débattre sur le renouvellement de la convention TER. En décembre, vous avez proposé de lancer un groupe de travail transpartisan sur le sujet de l’ouverture à la concurrence. Nous avons eu quatre réunions fort intéressantes, des informations et des auditions de qualité.


Mais un regret, et de taille : pas un seul moment de discussion ou de débat sur le contenu même de la convention à venir, pas moyen d’exprimer nos attentes, de donner nos avis avant que la délibération arrive, déjà ficelée. C’est un curieux sens du débat démocratique.

 

Si nous ne défendons pas le projet de nouvelles lignes à grande vitesse, ruineuses pour les finances des collectivités et destructrices de la biodiversité, c’est qu’en plus elles ne sont pas l’attente numéro 1 des Néo aquitains ni la solution pour demain !

 

Nous avions donc proposé au BP 2023 de ne pas affecter un milliard au projet GPSO mais de l’orienter sur le réseau des TER. Pourquoi ? Pour pouvoir planifier et proposer une offre efficace pour se déplacer en train : pour travailler, étudier, se balader et, surtout, régénérer les nombreuses lignes en danger, fermées ou peu attrayantes par leur temps de parcours par rapport à la voiture.

 

Des exemples :

  • Le Verdon -Bordeaux distance d’environ 100 km. En TER : 2h 20
  • Limoges-Bordeaux, 223 km : 2h50
  • La Rochelle-Bordeaux 183 km : 2h52
  • Saintes-Bordeaux : 120 km : 2h41
  • Tulle-Bordeaux 244 km : entre 3h40 et 4h44 avec 1 ou 2 changements !
  • Brive-Bordeaux 203 km : 2h30

Tout cela en raison du très mauvais état du réseau. C’est un frein majeur au report modal ! Donc construire une offre efficace sur les territoires c’est avoir :


1. Un réseau en bon état ;
2. Une offre de trains attractive sur tous les territoires et pas qu’autour des métropoles, de ré-ouvrir ou moderniser des lignes pour désenclaver les territoires et répondre au besoin des usagers ;
3. Une qualité de service, pas simplement centrée sur des applis pour acheter son billet mais avoir de la présence humaine dans les gares pour acheter un billet, gérer les correspondances ratées, etc.
4. Et une tarification à prix raisonnable.


MAIS ces éléments, qui doivent être au cœur de cette convention, n’ont pas été débattus ou sont absents…

 

Donc malgré l’opposition de nombreux élus, citoyens, du Conseil social environnemental TER et les nombreuses réserves du CESER sur cette nouvelle convention, aujourd’hui vous faites le choix d’une convention de 7 ans avec SNCF de gré à gré comme la loi le permet mais en ouvrant tous les lots à la concurrence et en lançant les appels d’offres dès 2024 pour le lot Poitou Charentes !


Vous faites le choix de renforcer le libéralisme et non pas de tendre vers une solution efficace pour tous les néoaquitains, d’autres expériences européennes ou nationales montrent bien que ce « verdissement » du modèle libéral en privatisant l’exploitation des TER n’est pas à la hauteur d’une planification écologique et sociale.

 

Nous proposons donc un amendement qui supprime l’ouverture des lots à la concurrence et de conventionner pour 10 ans avec SNCF comme l’a fait Occitanie car c’est possible et la loi le permet !

 

Par ailleurs, nous proposerons deux amendements pour le Règlement d’intervention de l’éducation à l’environnement car il nous semble notamment indispensable de doubler le budget.

 

L’annonce de l’état de soumettre les bénéficiaires du RSA entre 15 et 20h d’activités obligatoires mais sans moyens supplémentaires pour l’accompagnement de ces personnes en grande difficulté, tend à créer un phénomène de PAUVROPHOBIE.

 

C’est pour cela que nous regrettons que la politique régionale de soutien à la vie associative s’envisage avec un budget qui n’est pas à la hauteur des enjeux. Or des moyens sont nécessaires pour agir sur le volet social car ce sont les associations qui maintiennent le lien social des plus précaires que le gouvernement abandonne.

 

Un autre grand sujet de cette plénière : la promotion de l’égalité, la lutte et la solidarité là encore un regret, à l’heure où les violences sexistes et sexuelles sont présentes dans nos lycées, nos services, dans les milieux associatifs, il n’est pas prévu une formation accessible à toutes et tous pour prendre conscience de la gravité de ces actes de violences et permettre aux victimes d’actionner leurs droits. La région Normandie organise par exemple des projections débat sur ce sujet.


Et plus grave, aucun moyen spécifique et attention particulière n’est prévue pour les territoires les plus ruraux pas forcément couverts par des structures permettant d’accompagner aux VSS et là c’est un peu la double peine : les personnes dans ces territoires restent dans un statut de victimes et en grande souffrance.

 

Enfin, je souhaiterais conclure par une rapide intervention sur les vœux, motions et questions orales que nous verrons demain,


Un vœu : « transparence sur les pollutions aux PFAS » qui appelle le Préfet à avoir une transparence totale vis-à-vis des populations sur les risques encourus et de mieux documenter les effets de ces polluants sur la santé. Il sera présenté par Stéphane Trifiletti

 

Une motion : « restaurer la santé des sols » qui demande à la Région de s’engager à amplifier les politiques régionales en faveur de la préservation et de la régénération des sols par des actions volontaristes, présentée par Laurence Motoman,


Enfin, deux questions orales
● Une sur la nécessite de renforcer les conditionnalités éthiques et que l’entreprise Betclic rembourse la subvention régionale en cas de fraude avérée.
● Face à la volonté du gouvernement de déployer le service national universel (SNU) dès la rentrée, les élu·es interrogeront l’exécutif sur plusieurs points.

 

Cher·es collègues, j’espère que vous serez nombreuses et nombreux à voter nos motions, vœu et amendements.

Plénière des 27 & 28 mars 2023 – Propos introductif de Stéphane Trifiletti

Propos liminaires de Stéphane Trifiletti, co-président, pour le groupe écologiste, solidaire & citoyen.

« Monsieur le président, mes chèrEs collègues,

 

Permettez-nous tout d’abord de remercier notre assemblée qui en responsabilité a voté un vœu, à notre initiative, demandant le retrait de la réforme des retraites à Mme Borne lors de la plénière de février, reflétant ainsi démocratiquement la position de l’immense majorité des néo-aquitains.

 

Sur le fond, l’allongement de la durée du travail n’est pas une simple mesure technique. C’est une régression majeure, une bombe à fragmentation sociale dont la journée de demain risque de donner encore toute la mesure. Faire passer une telle loi sans vote de l’Assemblée nationale, c’est une attaque impardonnable contre notre démocratie. Et nous le disons calmement mais fermement : Quand on gouverne contre le peuple, quand on gouverne contre les corps sociaux et les territoires, quand on confond pseudo-légalité et démocratie, alors on est disqualifié pour incarner la République.

C’est dans ce contexte délétère que les experts climat de l’ONU ont livré le dernier consensus scientifique sur le réchauffement climatique. Le lendemain, de cette publication Claude Lorius nous quittait. Il était celui qui avait découvert le lien entre gaz à effet de serre et réchauffement climatique. Nous tenons à lui rendre un hommage appuyé : Par ses recherches durant près de quarante ans, Claude Lorius fut l’un des artisans majeurs de cette prise de conscience planétaire que l’activité humaine est en train de modifier profondément le climat, appelant à la mise en place urgente de politiques ambitieuses.

 

Ce dernier rapport du GIEC établi que le réchauffement climatique causé par l’activité humaine se produit plus vite et plus fort que prévu. En outre, ce dernier rapport a mis en évidence le risque d’atteindre des « points de bascule », synonyme d’impacts irréversibles, voire d’emballement.

Nous savons et nous voyons : des sécheresses, des ouragans, la fonte des glaciers, les canicules, les incendies… alors que l’État a été condamné plusieurs fois pour inaction climatique. Alors que la Région n’a toujours pas publié son bilan GES comme nous le proposons depuis de nombreuses années : Notre Région n’est pas en conformité avec la loi comme le rapporte un article du journal Le Monde du 24 mars dernier …

Les écologistes préviennent depuis 50 ans sur ce qui est en train de se passer… L’exemple de la gestion de l’eau est frappant.

 

Dans le contexte de raréfaction de l’eau, quelques acteurs économiques cherchent à l’accaparer, notamment en construisant des méga-bassines entourés maintenant de barbelés !

Sur ce dossier sachez-le, nous désapprouvons et condamnons clairement toute violence. Toute personne qui attaque les forces de police et veut en découdre avec elles, n’est ni écologiste, ni républicaine. Et nous la condamnons sans réserve. Nous répétons encore et encore avec beaucoup de gravité :  Ces groupuscules violents ne sont ni écologistes, ni républicains. Ils salissent le combat écologiste et tout amalgame avec les militants associatifs est une insulte à 50 ans d’écologie non violente.

Ces groupuscules sont les idiots utiles des promoteurs des bassines, car le spectacle inqualifiable qu’ils ont donné à voir, brouille le message impératif porté par les collectifs citoyens autour de l’accaparement de l’eau.

Nous condamnons aussi l’usage de la violence étatique disproportionnée pour défendre un cratère creusé dans le calcaire. Un trou. Nous sommes bien loin de l’intérêt collectif. Nous condamnons les dérives du gouvernement qui a mis illégalement sur écoute des élus écologistes selon le Canard enchaîné.

Que dire quand les quads de la gendarmerie prennent la foule à revers au lance-grenade comme à la vieille époque Pasqua-Pandreau et tirent au milieu de la foule ? Les observateurs de la Ligue des droits de l’homme ont confirmé aussi avoir “constaté l’entrave par les forces de l’ordre à l’intervention des secours pour une situation d’urgence absolue ». Ils détaillent : « Le Samu a indiqué, […] lors d’une conversation à laquelle les avocats de la LDH ont assisté, que le commandement sur place leur avait donné l’ordre de ne pas intervenir. » D’ailleurs les communiqués officiels l’avaient caché.

 

Nous pensons très fort à toutes les victimes de ces violences, dont au moins trois très grièvement blessés. Tristesse absolue, un jeune homme de 30 ans est bien entre la vie et la mort en ce moment.

La réalité, et je peux en témoigner car j’étais présent, c’est que ce sont les élus écologistes qui ont protégé les blessés sous un déluge de projectiles en organisant un cordon sanitaire et c’est tout à leur honneur.

Cette maladaptation  par les bassines ne peut continuer : c’est une impasse collective. Depuis 20 ans, ces projets sortent de terre, avec une opposition toujours plus forte des scientifiques et des autres usagers de l’eau, confortée par les décisions des tribunaux administratifs qui à plusieurs reprises ont déclaré la construction ou l’utilisation de ces méga-bassines illégales. Dernière en date : le rendu de la cour d’appel du tribunal administratif de Bordeaux le 7 mars dernier.

L’Etat n’a pas pour autant suspendu ses financements et mobilise plusieurs milliers de policiers à chaque manifestation. Autoriser, financer et protéger des ouvrages illégaux qui endommagent les écosystèmes, voilà la réalité du profond mépris étatique…de l’Etat de droit ! Nous le répétons sans cesse : la Région ne peut cautionner ni s’inscrire dans ce schéma de la prévarication de la ressource par une infime minorité au détriment de l’intérêt général. Le gouvernement ne connaît que l’outrance et la répression brutale contre tout le mouvement social pour l’eau !

Ce ne sont pas l’immense majorité des manifestants anti-bassines – non violents – qui font courir un danger à la démocratie : c’est l’entêtement du pouvoir à protéger les activités qui détruisent le vivant. Rien de constructif ne peut sortir des méga-bassines : elles ne peuvent que perpétuer une agriculture que notre écosystème ne peut plus supporter.

La confédération paysanne, la LDH ou encore la Fondation Danielle Mitterrand appelaient d’ailleurs à venir dans le marais poitevin afficher leur solidarité avec les collectifs et habitant·es mobilisé·es contre ces projets de méga-bassines.

Un moratoire immédiat pour retravailler ces questions est indispensable, nous le disons depuis si longtemps. Nous avons passé tout le précédent mandat à vous l’expliquer et vous le demander. La désescalade et le dialogue sont nécessaires. La brutalisation et les mensonges sur le dossier de l’eau ça suffit ! Aujourd’hui encore moins que dans le mandat précédent, les aides de la Région au financement des bassines dans ce contexte ça suffit aussi ! Nous demandons que les 4M d’€ dédiés aux ouvrages d’irrigation soient discutés démocratiquement directement dans notre assemblée plénière, et pas en catimini.

Nous souhaitons et proposons de vous rencontrer au plus vite Monsieur le président, afin d’entamer un échange constructif, permettant de formuler des propositions et ainsi renouer le dialogue entre toutes les parties dans nos territoires.

 

Dans cette période de crises, notre assemblée régionale ouvre aussi aujourd’hui le chantier fondamental de révision des aides régionales en, réinterrogeant les Eco Socio Conditionnalités, au moment même ou des pans entiers de notre économie s’avèrent obsolètes au regard de l’anthropocène.

Notre responsabilité est grande pour rediriger notre économie régionale vers des modèles vertueux permettant de répondre aux enjeux du temps.

Pour résumer nous dirions que le travail est inabouti :  La réflexion menée sur les ESC et le RI des aides régionales semble pour partie obsolète dès sa mise au vote. Les anciennes recettes du développement durable ne sont que des façons de colmater un modèle de fait à bout de souffle.

 

Nous vous proposerons une approche alternative via la voix d’Anne Laure Bedu tout à l’heure qui vous expliquera comment les limites planétaires doivent être prises en considération. Ce sera aussi le sens de nos amendements.

Transports maintenant : concernant le retour du Conseil d’orientation des Infrastructures, Elisabeth Borne a certes annoncé 100 milliards, mais avec une part de l’État réduite à 25 milliards. En clair, le gouvernement fait des promesses avec l’argent des autres et ce sont nos collectivités qui casqueront via des taxes injustes.

 

Nous rappelons que nous sommes pour la modernisation des lignes ferroviaires existantes plutôt que les LGV aux coûts astronomiques, aux conséquences désastreuses pour la biodiversité. Nécessité des trains du quotidien / Grands projets inutiles et imposés. Nos craintes sont particulièrement grandes concernant l’axe Angoulême-Limoges par exemple.

Nécessaire de rappeler encore et encore : Actuellement la Région Nouvelle-Aquitaine a pris des engagements fermes pour financer les LGV mais n’a toujours pas programmé un euro, pas un euro sur les 900 millions promis dans le protocole des petites lignes de 2020…

Nous vous suggérons en fin de plénière 2 motions : une motion pour lutter contre la précarité menstruelle notamment chez les jeunes femmes lycéennes et en formation.

Une autre motion pour mieux soutenir les acteurs du monde viticole du Bordelais via un accompagnement l’emploi et des terres agricoles.

 

Merci de les accompagner favorablement.

Plénière des 15 & 16 décembre 2022 – Propos introductif de Stéphane Trifiletti

Propos liminaires de Stéphane Trifiletti, co-président, pour le groupe écologiste, solidaire & citoyen.

« Monsieur le président, chèr·es collègues,

La COP27 s’est achevée sur un bilan particulièrement décevant. Nouvel échec pour la sauvegarde du climat.  Les GES continuent à augmenter fortement y compris en Nouvelle-Aquitaine. L’effondrement du vivant se poursuit, les écocides se multiplient alors que la COP15 Biodiversité est réunie à Montréal. En même temps, notre ministre de l’agriculture se dit favorable à une nouvelle dérogation sur l’utilisation des néonicotinoïdes.

Absence injustifiable d’actes forts sur Climat et Biodiversité : tous les signaux sont au rouge écarlate.  Le contexte social est lui aussi dramatique, marqué par des inégalités astronomiques : nous sommes 8 milliards sur Terre maintenant, Terre ou 8 personnes possèdent autant que 4 milliards d’individus. Aucune mesure contraignante n’est prise pour rectifier ces trajectoires.

L’incapacité du gouvernement à proposer des mesures structurantes pour lutter contre la précarité rime avec sa coupable inaction climatique. Rien d’étonnant qu’il ait été plusieurs fois condamné par la justice.

Incapacité à réinterroger notre rapport à la croissance et au partage inégal des richesses. Ses propositions scélérates de repousser l’âge légal de la retraite, au moment où l’âge moyen en bonne santé stagne voire recule, de diminuer les indemnités chômage et de sanctionner ceux qui ne peuvent plus payer leur loyer, prouve s’il le fallait encore, que ce gouvernement est encore totalement aveuglé par cette doxa néolibérale. Celle qui, depuis les années 80, a voulu, en affaiblissant la République, tout transformer en marchandises, au nom de la croissance. Y compris l’alimentation et l’eau, les services publics essentiels sur nos territoires, y compris la santé et même les maisons de retraite… l’ouverture à la concurrence des transports publics, dont les TER, relève de la même pensée néolibérale.

Décalage absolu aussi de l’extrême droite concernant ces enjeux vitaux : Au RN on est intrigant, xénophobe (sauf lorsqu’on emploie des travailleurs étrangers dans des conditions déplorables dans ses vignes) et climato-cynique. Au RN, on défend les 4×4, on vote contre la hausse du SMIC et on dépose des amendements contre le retour de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune et contre l’ISF climatique ! Nouveau slogan de l’extrême droite : défendre les millionnaires et les écocidaires plutôt que les classes populaires !

Pendant ce temps-là, nous sautons pieds joints dans l’Anthropocène. Le rôle de chacun et d’une collectivité en particulier c’est de regarder les choses en face : des pans entiers de notre économie sont obsolètes au regard du monde qui vient, et nous n’avons pas les moyens écologiques de faire advenir une bonne partie des révolutions technologiques annoncées. Technophobie ? Certainement pas ! Mais le progrès technique doit être interrogé quant à sa finalité et à la notion de progrès.

Question essentielle : pourquoi n’arrivons-nous pas à cranter cette « transition » y compris en Nouvelle-Aquitaine ? Question sous-titrée par Bossuet : « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. »

Nos dépendances aux technologies et à la croissance infinie dans un monde fini nous enferment chaque jour un peu plus, qu’il s’agisse des pesticides ou des centrales nucléaires à l’arrêt. Une énième mise à jour du logiciel productiviste, un EPR en 2050, un drone épandeur de pesticides HVE, ne permettront pas de résoudre cette crise. Au contraire : ce sont plutôt les causes de l’impasse actuelle que des remèdes.

Juste un exemple : le 6 novembre dernier un rapport de l’Académie des sciences et technologies estimait que le programme de véhicules électriques français réclamera rapidement des quantités de lithium et de cobalt excédant les productions mondiales actuelles…

Mirage du “tout technologique” supposé résoudre, comme par magie, les crises systémiques.

Derrière ce mirage, c’est le totem « innovation » que nous souhaitons interroger.

Nous vous proposons, chers collègues, de lever la dissonance cognitive entre les limites planétaires – et la réalité des pratiques scientifiques et techniques.

Oui, nous avons vraiment besoin d’ingénieurs, de mécaniciens, de scientifiques et de low-tech pour accompagner la décroissance de nos consommations. Le rôle de la puissance publique et de notre région est d’accompagner la réorganisation de nos systèmes techniques et la sortie des technologies zombies.

Oui, nous devons passer collectivement d’une logique de profit à la question des communs.

Oui d’autres choses pourraient croître au contraire et être bien mieux accompagnées comme par exemple :

– Un foncier régional pour un Conservatoire des terres nourricières, sens de notre motion pour accompagner la souveraineté alimentaire en Nouvelle-Aquitaine.

– Une Santé globale via une alimentation sortie des pesticides CMR en 2025, comme promis par Néo Terra : pas en 2035 comme entendu ici lundi dernier.

« Renoncer aux futurs déjà obsolètes » et faire advenir des futurs positifs : c’est ça le rôle politique fondamental de notre collectivité : nous n’avons pas les moyens écologiques ni le temps de faire advenir une bonne partie des “sauts” technologiques, dans lesquels, trop souvent vous vous enfermez.

« Renoncer aux futurs déjà obsolètes » et faire advenir des futurs positifs : c’est accepter que l’avion « vert » commercial – hydrogène est une chimère s’il s’inscrit dans l’augmentation exponentielle du trafic aérien. C’est maintenant qu’on doit résoudre les crises, pas en 2050.

C’est mieux accompagner la sobriété et l’efficacité énergétique, le développement des énergies renouvelables, ce n’est pas soutenir la construction d’un EPR : trop cher, trop lent, inadapté aux urgences.

C’est accepter que les LGV ne permettent jamais, jamais, de sortir du tout camion et de l’effet rebond. Que le POLT, axe délaissé, est nécessaire pour nos territoires, maintenant ! et pas à la Saint-Glinglin.

C’est comprendre que l’agriculture HVE ne peut pas protéger les captages d’eau et faire réussir les programmes Ressource comme nous le montrent déjà si bien les suivis de données en Poitou-Charentes.

« Renoncer aux futurs déjà obsolètes » et faire advenir des futurs positifs, c’est surtout accompagner les entreprises à se poser les bonnes questions :

Comment passer d’une entreprise high-tech à une entreprise low-tech résiliente / chocs en cours et en conformité avec les limites planétaires ?

L’objectif de Nouvelle-Aquitaine maintenant : c’est d’aider les entrepreneurs à accepter de ne pas faire advenir certaines innovations qui ne seraient pas compatibles avec le système Terre, mais à faire advenir ce qui répond aux enjeux du temps : c’est ça notre destin commun, C’est ça réussir la transition pour tous ! C’est aussi le sens de quelques-uns de nos amendements comme par exemple celui portant sur la Convention pluriannuelle d’objectifs – Région/ A.D.I

« Renoncer aux futurs déjà obsolètes » et faire advenir des futurs positifs,

C’est redonner du sens à ce que les jeunes et moins jeunes souhaitent de plus en plus dans l’entreprise : c’est-à-dire Être plutôt qu’Avoir. C’est associer les Néo-Aquitains : une fois de plus, nécessité de répéter encore et encore : c’est dommage de ne pas disposer d’une convention citoyenne régionale pour nous épauler.

C’est dépoussiérer la feuille de route Néo-Terra, c’est s’engager à vraiment conditionner les aides régionales (les éco-socio-ethico conditionnalités) et à déployer un budget vert.

Nous pointons quelques signes encourageants dans vos intentions : par exemple lorsque vous affirmez votre volonté d’intégrer Néo Sociétas dans nos politiques publiques, ou que vous proposez d’intégrer (certes encore bien timidement) la motion Végétalisation Lycée votée en octobre dernier dans le PPI 2. Sachez que nous serons à vos côtés lorsque vous irez dans cette bonne direction.

Par contre, c’est un changement de paradigme pour sortir des futurs obsolètes que vous devrez déployer pour nous convaincre concernant la direction globale de votre politique et sa traduction budgétaire.

Votre budget envoie encore trop de mauvais signaux. Votre politique « transition énergétique et écologique », hors TER, est rachitique,  et affiche encore des baisses des dépenses d’investissement et de fonctionnement, malgré les apparences. L’insertion de recettes transférées par l’État concernant Natura 2000 joue aussi le rôle de trompe-l’œil.

Le CESER pointe d’ailleurs, je cite : qu’“Il est difficile d’identifier les dépenses qui engendrent des effets environnementaux positifs de celles qui produisent des effets négatifs”.

Nous déplorons aussi bien sûr, le manque de soutien au monde associatif, qui tisse et fait tenir beaucoup de choses dans nos territoires.

Monsieur le Président, chers collègues,

Écrire et faire advenir des futurs positifs : À notre modeste place nous, proposerons pendant cette plénière de vous embarquer et cranter vraiment cette politique de bifurcation écologique et sociale. »

 

Seul le prononcé fait foi.

Plénière du 17 et 18 octobre 2022 – Propos introductif de Stéphane Trifiletti

Propos liminaires de Stéphane Trifiletti, co-président, pour le groupe écologiste, solidaire & citoyen.

à Bordeaux, le 17 octobre 2022

 

Monsieur le président, cher·e·s collègues,

 

Nous souhaitons commencer cette plénière en rendant un hommage appuyé à Bruno Latour, disparu le 9 octobre dernier. Son œuvre scientifique, référence dans les milieux universitaires et ses réflexions sur la crise écologique devraient nous inspirer collectivement.

 

Il y a déjà 30 ans, il démontrait que « Nous n’avons jamais été modernes ». Que la prétendue modernité  de notre société capitaliste ne souffre pas d’un problème d’épuisement tardif, mais d’un défaut constitutif.

 

Nous invitons notre assemblée à s’emparer de cette nouvelle grille de lecture du monde, si riche qu’elle est susceptible d’ancrer nos sociétés dans le Vivant, et d’organiser toute la vie politique autour de ses enjeux de survie de l’humanité.

 

Cette crise globale est là sous nos yeux, de manière systémique, après un été marqué par une longue sécheresse et de nombreux incendies. Ces événements extrêmes, catastrophiques, seront désormais la norme et non plus l’exception. Cet hiver s’annonce tout aussi difficile, l’envolée des prix de l’électricité et du gaz impactant toujours plus nos concitoyens.

 

L’urgence à agir semble désormais largement partagée dans notre hémicycle. Mais l’importance et la nature des transformations à mener est loin de faire consensus. Agir vite, agir fort, agir efficacement pour cranter un changement radical de modèle et de politique. Les mesures à prendre pour passer l’hiver sont en réalité les mêmes que celles qui doivent nous permettre de préserver une planète vivable, et de faire baisser durablement le poids de l’énergie dans les budgets des familles.

 

Deux ans après avoir décrié et moqué le “modèle Amish”, le gouvernement n’a plus que le mot « sobriété » à la bouche ; Au point de le confondre avec les pénuries et le rationnement. Dans une situation énergétique d’une immense fragilité, il ne semble pourtant être guidé que par l’idéologie de la consommation. En guise de politique de “sobriété”, il propose une politique de culpabilité et d’austérité qui fera de chaque individu, l’unique responsable de sa situation. Cette politique pèse une fois de plus sur les plus fragiles.

 

Arrêter son sèche-linge, mettre un col roulé ne suffira pas. Les changements individuels participent évidemment de l’effort collectif, mais celui-ci ne saurait être mené sans transformations profondes. Les plus gros consommateurs doivent réduire drastiquement leurs consommations : c’est une question de justice sociale et climatique. Le manque d’anticipation du gouvernement concernant la crise énergétique et les limites béantes du bouclier tarifaire actuel sont injustes. Les écologistes portent d’ailleurs au national la proposition d’accès universel à l’énergie reposant sur une tarification progressive bien plus équitable.

 

Injustices aussi pour nos collectivités territoriales, au moment même où le gouvernement impose, à nouveau, l’austérité via une nouvelle version du “Pacte de Cahors”, les “Normes de dépenses” ! : Quelles capacités d’action restera-t-il aux collectivités avec des dépenses de fonctionnement qui se réduisent comme peau de chagrin ? Rappelons que ces dépenses dites “de fonctionnement” servent en priorité à conduire nombre de politiques publiques concrètes et utiles pour tous.

 

Nous défendons une prise en charge par l’État de l’excès inhabituel des factures de nos collectivités face à l’envolée des prix, avec, en regard, une exigence pointant précisément des engagements dans la transition et la sobriété énergétique. L’indexation probablement très insuffisante de la Dotation Globale de Fonctionnement et du bouclier tarifaire pour notre Région sont très inquiétants: tout mécanisme de redressement des finances publiques restreignant les capacités d’actions des collectivités met de fait en grave péril les services publics locaux. Des services dont les plus fragiles ont un besoin impérieux, plus encore aujourd’hui.

 

Force de proposition dans cette assemblée pendant cette 1ère année de mandat, comme lors des mandats précédents, notre groupe a présenté plusieurs mesures qui seraient évidemment des atouts indéniables dans la période actuelle. Des outils pour réfléchir, infléchir et absorber les chocs. Des outils pour accélérer la transition et garantir son équité. Des outils que la Région aurait pu mobiliser depuis déjà des mois, si nos propositions n’avaient pas été systématiquement ajournées.

 

Depuis un an, nous avons ainsi proposé :

 

– Une Convention citoyenne régionale pour la transition écologique visant à accélérer la reconnexion démocratique : refusé ;

 

– Un plan massif pour la rénovation des dessertes fines et TER du quotidien : refusé ;

 

– Des engagements concrets contre l’évasion fiscale en Nouvelle- Aquitaine suite aux « Pandoras papers » : refusés ;

 

– De retirer la HVE de NéoTerra afin de respecter notre objectif de sortie des pesticides Cancérigènes Mutagènes et Reprotoxiques en 2025 conformément à nos engagements NéoTerra : refusé ;

 

– Des amendements portant sur le Règlement d’intervention des aides aux entreprises pour conditionner la politique de performance industrielle à la réduction des gaz à effet de serre , en préservant la santé des personnes et des écosystèmes : refusé ;

 

– De nous doter d’indicateurs innovants de suivi de la feuille de route NéoTerra permettant de mesurer la consommation régionale de pesticides, nos émissions carbone, la fréquentation des transports en commun, la part du Bio dans la restauration collective, la production d’énergie renouvelable, les volumes de déchets produits… refusé!

 

Tous ces indicateurs nous manquent de fait maintenant au quotidien, et de façon criante pour mesurer et guider notre action régionale.

 

Ces quelques exemples font parfois terriblement échos à cette propension à combiner « greenwashing » et « imposture écologique » : nouvelles stratégies qui consistent à communiquer sur la nécessité d’une politique écologique systémique, tout en gardant en réalité un logiciel productiviste. Cette plénière, par bien des égards pourrait malheureusement nous le confirmer. Deux exemples simples à notre ordre du jour.

 

Le 1er concernant le passage en force par rapport à l’ouverture à la concurrence des TER. Malgré les inquiétudes des usagers, des syndicats, votre majorité régionale (en rupture totale d’ailleurs avec le PS national) tente d’imposer son choix d’ouverture à la concurrence, et ce, sans vote, puisque nous parlons des Orientations Budgétaires. L’ouverture à la concurrence serait pour les communistes ce qu’est GPSO pour les écologistes.

 

Une ligne rouge, un combat fondamental.

 

Jamais nous n’avons transigé sur nos combats historiques quand nous étions dans la majorité, nous espérons que chacun prendra ses responsabilités.

 

Le 2nd concernant l’eau et la restauration de la biodiversité, au moment où l’effondrement dramatique du Vivant s’amplifie :

 

Nous allons voter la Stratégie Régionale de la Biodiversité. C’est une belle démarche initiée lors du mandat précédent. Mais au global, les lignes budgétaires Biodiversité sont brutalisées comme l’est le Vivant qui s’effondre devant nous.

 

En même temps x2, la Compagnie d’Aménagement des Coteaux de Gascogne va bénéficier de 2,8 M d’€. Cette structure, bras armé de l’irrigation intensive et des bassines pour une infime minorité d’agrimanagers, est un véritable sous-marin d’une artificialisation-déconnexion des milieux. Cette compagnie, condamnée par la justice pour assèchement de rivière, épinglée par la chambre régionale des comptes, va bénéficier d’un énième renflouement : nous sommes bien loin des bonnes intentions affichées dans la stratégie biodiversité et NéoTerra. Nous butons sur une incapacité à porter le basculement indispensable nécessaire permettant de passer du référentiel extractiviste de l’eau, qui prévaut depuis l’ère industrielle, à une conception de l’eau comme «matrice»x2 du vivant, commun essentiel.

 

Vivant, transports, énergie, climat comme exemples patents : nous devons réduire et mieux partager. Nous devons sortir maintenant de l’imposture.

 

Au moment de rappeler notre fierté concernant le Nobel de physique du gascon Alain Aspect, récompensé pour ses découvertes sur «l’intrication quantique », phénomène où deux particules quantiques sont parfaitement corrélées, quelle que soit la distance qui les sépare ; nous vous proposons de vous en inspirer : justice sociale et justice climatique doivent être parfaitement corrélés, comme 2 particules quantiques.

 

Cette philosophie doit entrer en résonance avec les propositions du CESER, NéoTerra 2 devra s’articuler avec cette 2ème feuille de route que le CESER vous propose depuis 2019 et qu’il serait urgent, enfin, de saisir : Néo Sociétas. Le tout articulé avec un référentiel solide et précis d’éco-socio-éthico-conditionnalités au service de nos territoires.

 

Nous rappellerons également tout à l’heure les déséquilibres importants qui se matérialisent dans votre stratégie scientifique entre sciences dites dures et sciences humaines. Plus que jamais, il y a nécessité à mettre en place des actions plus ambitieuses en matière d’interactions entre sciences et citoyens, sciences et société, en s’appuyant aussi sur les associations d’éducation populaire.

 

Enfin, lors de cette plénière nous ferons de nouvelles propositions. Via les motions puisque c’est le seul espace, extrêmement réduit, que vous nous laissez.

 

Nous vous suggérons un grand plan de végétalisation dans nos lycées.

 

Nous appellerons également à renforcer fortement les études concernant les concentrations et les effets des pesticides. La situation sanitaire est dramatique dans certaines parties de la Nouvelle-Aquitaine, par exemple dans la Plaine d’Aunis.

 

M. le Président, cher·e·s collègues : réussir la bifurcation ou périr. Saisissez nos propositions maintenant pour réussir la bifurcation.

 

Le temps presse : l’écologie plus tard … c’est l’écologie trop tard.

 

Seul le prononcé fait foi.