À l’occasion de la séance plénière du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine des 16 et 17 octobre, les écologistes ont fait adopter deux motions, l’une pour réaffirmer la sortie des pesticides de synthèse et du glyphosate, en Nouvelle-Aquitaine, et l’autre
pour faire de la santé mentale des jeunes une priorité régionale.
Pesticides : la majorité accepte la proposition du groupe écologiste de réaffirmer la sortie des pesticides de synthèse, dont le glyphosate, conformément à la feuille de route Néo Terra
Le glyphosate est classé « cancérogène probable » depuis 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer. Il augmente les cas de lymphomes non hodgkiniens selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale
(Inserm). Il est considéré comme un perturbateur endocrinien, reprotoxique et neurotoxique, selon des recherches de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). Il augmente le risque de
malformations périnatales (pour la première fois, la Commission d’indemnisation des enfants victimes d’une exposition prénatale aux pesticides établit un lien de causalité entre l’exposition au glyphosate d’une femme durant sa grossesse et la
malformation de son fils). Il nuit à la biodiversité et à la qualité de l’eau.
« Les pesticides de synthèse sont des poisons pour l’homme, la biodiversité, l’environnement », rappelle Stéphane Trifiletti, conseiller régional écologiste de Charente-Maritime et coprésident du groupe. Malgré ces risques élevés pour la santé, la biodiversité et l’environnement, la Commission européenne propose de ré-autoriser l’herbicide.
Alors que la Région a adopté, en février dernier, une feuille de route « Une seule santé », les 19 conseillers régionaux écologistes ont présenté en séance plénière une motion pour réaffirmer l’engagement de la région Nouvelle-Aquitaine à sortir des pesticides cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR), en particulier du glyphosate, d’ici 2025, et des pesticides de synthèse d’ici 2030, conformément à la feuille de route Néo Terra. Cette motion engage aussi la Région à demander au gouvernement français de soutenir l’arrêt immédiat de cet herbicide toxique au niveau européen. Elle vise enfin à encourager la recherche et l’innovation pour développer des pratiques agricoles alternatives et durables, respectueuses de la santé humaine et de l’environnement. La motion a été adoptée.
« Nous nous réjouissons d’être la première Région de France à afficher notre engagement à sortir des pesticides de synthèse CMR et du glyphosate », indique Stéphane Trifiletti.
La motion proposée par le groupe écologiste pour enrayer la détresse psychologique de la jeunesse adoptée à l’unanimité
Alerte du corps médical et de la Cour des comptes, interpellation de la Défenseure des droits en juin 2022 réclamant à la Première ministre la mise en place d’un plan d’urgence pour la santé mentale des jeunes… La jeunesse va mal psychologiquement : 1,6 millions d’enfants et d’adolescents souffrent d’un trouble psychiatrique en France selon la Cour des comptes ; selon un Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), publié en février par Santé publique France (SPF), un jeune (18-24 ans) sur 5 (20,8 %) présentait, en 2021, des troubles dépressifs contre un sur dix (11,7 %) quatre ans plus tôt ; sur Doctolib, les consultations des 18-24 ans ont augmenté de plus de 50 % entre 2019 et 2022. Faute de prise en charge suffisante pour cause de manque de centres médico-psychologiques et personnel soignant (le nombre de pédopsychiatre a chuté de 34 % en France entre 2010 et 2022), les passages aux urgences pour gestes suicidaires, les déscolarisations,
addictions, la consommation massive de médicaments psychoactifs se multiplient.
« Les écarts entre l’offre et les besoins se creusent jour après jour, conduisant à des inégalités sociales et territoriales dans les parcours de santé mentale, rendant souvent inaccessible l’accès aux soins mais surtout l’accès au diagnostic, souligne la conseillère régionale écologiste de Charente-Maritime Katia Bourdin. Ce constat sonne comme un manquement aux droits fondamentaux comme les droits à la santé, à l’éducation et ou à la protection des enfants. Si le recrutement massif d’infirmiers et de médecins scolaires serait le levier le plus évident, l‘inertie de l’État sur cette question nous oblige, les collectivités, à prendre nos responsabilités. »
La motion proposée par le groupe écologiste, solidaire et citoyen, adoptée à l’unanimité, pousse la Région Nouvelle-Aquitaine à s’engager davantage, et notamment à :
- Inscrire la santé mentale des jeunes comme une priorité régionale et à décliner des mesures opérationnelles dans sa feuille de route santé ;
- Mener des campagnes de prévention, notamment dans les lycées, et proposer des formations aux premiers secours en santé mentale (PSSM) ;
- Demander à l’Agence régionale de santé de : débloquer des moyens nécessaires pour la généralisation des Permanences d’évaluation clinique (PEC) dans les lycées, dispositifs existant depuis 20 ans dans la Vienne et plébiscités, facilitant les diagnostics et l’orientation des jeunes vers les parcours de soins les plus appropriés ;
- Soutenir la création des unités médico-psychologiques des adolescents et jeunes adultes comme le centre Abadie à Bordeaux ou le centre Laborit à Poitiers.