Plénière des 13 & 14 juin 2024 – Propos introductif de Stéphane Trifiletti

Propos liminaires de Christine Seguinau, co-président, pour le groupe écologiste, solidaire & citoyen.

« Monsieur le président, cher·es collègues,

 

Je souhaiterais bien sûr revenir sur la situation politique inédite que nous vivons, car nous, responsables politiques, justement si nous sommes responsables, devons prendre la mesure des devoirs qui sont les nôtres.

 

Les scores réalisés par l’extrême-droite et la dissolution soudaine pour de nouvelles élections 3 semaines après décidées par le Président de la République sont une déflagration pour notre démocratie.

 

Il y a évidemment, un malaise profond dans la population, qui arrive à son paroxysme et qui sanctionne l’incapacité du président Macron et ses gouvernements successifs, au pouvoir depuis sept ans, à traiter les sujets qui préoccupent nos concitoyennes et concitoyens : les fins de mois difficiles, les aléas climatiques, la disparition des services publics, dans les campagnes et les quartiers populaires, la complaisance avec les riches de ce monde.

 

Ce matin le Premier ministre a annoncé qu’il fera passer par décret la réforme de l’assurance chômage, avant les résultats des élections législatives. Il s’enferme encore dans la brutalité sociale qui continue d’appauvrir !

 

L’inquiétude est telle que nous devons tout faire, pour réinsuffler l’espoir dans notre pays. Nous sommes regardés non seulement par les Européens qui comme nous ont voté, mais au-delà, par le monde entier, à quelques jours de l’ouverture des Jeux olympiques.

 

L’extrême droite raciste sort de cette élection renforcée en Europe, et chez nous, elle pavoise, comme on le voit, y compris dans cet hémicycle régional, grisée par la courte-échelle que lui tend un Président de la République cynique et hors contrôle.

 

Ne nous en cachons pas : les scores réalisés par l’extrême droite en Europe sont délétères pour nos démocraties, nos libertés et nos droits. En France, c’est bien le résultat des errements d’un Président et de son gouvernement qui n’entendent rien et n’écoutent personne, qui pensent que les crises sociales et écologiques n’existent que virtuellement, via le prisme de ce que leur racontent leurs cabinets-conseils et leurs communicants !

 

Notre État, en piteux état, est abîmé, de plus en plus antisocial et incapable d’assurer ses missions essentielles. À force de prendre aux pauvres pour donner aux riches, de ne pas tenir la promesse de la justice et du respect, de nier les plus élémentaires besoins comme le logement, la santé, la mobilité ou le droit à un environnement sain, que pouvait-il se passer d’autre ?

 

Qui peut croire que l’extrême-droite va être une solution, qui ? Parce qu’ici à la Région, comme partout ailleurs, ils militent contre les droits des femmes, des minorités, parce qu’ils combattent toute politique, la culturelle émancipatrice, parce qu’ils refusent les projets de coopération internationale parce qu’ils refusent les politiques territoriales visant à réduire fractures et inégalités, parce qu’ils désignent des boucs émissaires constamment, en supporters fanatisés de la xénophobie, ils sont une menace imminente contre « l’État de droit » et notre triptyque républicain : Liberté-Égalité–Fraternité.

 

Ils continuent de faire des promesses faciles basées sur de fausses analyses en feignant de ne pas comprendre la nécessité de ré-encastrer l’économie dans les limites planétaires. Ils défendent les lobbies, y compris étrangers comme la Russie, y compris les multinationales, et nient la crise climatique.

Ils promettent le changement, mais leur programme n’est que retours en arrière et divisions.

 

À des degrés divers, ils prétendent que tout peut continuer comme avant, à ceci près qu’il faudrait se haïr les uns les autres. Quelle folie et quel mensonge !

 

Comme le rappellent encore et encore plusieurs dizaines de milliers de scientifiques, les reculs environnementaux, je cite, « sont des menaces directes contre notre avenir commun ». Mois après mois, en Inde, au Mexique, les records de chaleur, les morts et les catastrophes s’accumulent, les déplacés climatiques se comptent désormais par centaines de milliers chaque année. La réalité, elle est là.

 

Les patriotes de pacotille parlent constamment de sécurité, ils feignent d’ignorer que la véritable sécurité quotidienne pour tous se construit dans l’unité, et par la solidarité. Elle passe donc, forcément, par la lutte contre le changement climatique, parce qu’il impacte toujours les plus faibles qui en sont les premières victimes.

 

À Saintes cet hiver et dans bien d’autres endroits : inondations successives et désespérantes pour les habitantes et habitants. L’été dernier : îlots de chaleur invivables, pollutions atmosphériques le long des routes, pesticides dans l’alimentation, nouveaux incendies de forêts…. Oui la crise climatique, comme celle de la biodiversité sont aussi des crises sociales !

 

L’extrême droite, chers collègues, c’est comme le dérèglement climatique : un fléau qui frappe d’abord les plus précaires.

Le président Macron et son camp ont choisi de dialoguer avec eux, leur offrant même des vice-présidences à l’Assemblée nationale. En réduisant le débat politique à un affrontement entre le président et le clan Le Pen, ils portent une immense responsabilité sur la situation actuelle.

 

La réalité crue est là : au lieu d’incarner le rempart contre leurs idées rétrogrades et nauséabondes, ils en ont été le carburant à travers nombre de leurs réformes, comme la loi immigration.

Les macronistes s’effondrent aujourd’hui à travers un vote sanction clairement exprimé aux élections européennes.

La dissolution, course désespérée et pari politique inflammable, s’assimile clairement au syndrome Hindenburg 1933 : jouer avec l’extrême droite pour espérer un rebond hypothétique est extrêmement risqué, cynique et dangereux, au mieux pathétique, au pire totalement irresponsable.

 

Dans ce contexte particulièrement alarmant, nous mettons toutes nos forces, dans la construction d’une coalition d’union pour proposer un espoir et éviter la course à l’autoritarisme et à la haine afin de garantir nos libertés. Nous trouverons le chemin de l’alternance grâce à un projet de rupture et une façon de faire de la politique qui permette l’apaisement du pays et amène des solutions aux nombreux problèmes sociaux et économiques de nos concitoyennes et concitoyens : nous appelons avec force à ce Front populaire écologiste et social qui finit de se construire.

 

Je le disais, nous avons une immense responsabilité, du local au global.

 

Nous interroger ici, collectivement, peut être salutaire pour répondre aux besoins des Néo-Aquitains. C’est ce que nous entreprenons à travers la mission d’évaluation des politiques agricoles et la méthode pourra resservir.

 

Quand 1 Néo-Aquitain sur 4 ne mange pas à sa faim, notre priorité c’est de faire le choix des solidarités et d’enrayer la pauvreté, de favoriser le tissu associatif précieux partout, mais plus encore là où les services publics ne sont plus.

 

Regardez du côté du gouvernement. Il préfère réduire des droits comme l’accès à l’Aide médicale de l’État (AME), faire la chasse aux chômeurs, augmenter les franchises sur les boîtes de médicaments, dérembourser et faire payer les citoyens, plutôt que de faire reculer les lobbies qui nous empoisonnent, et maintiennent des dérogations pour des firmes qui utilisent des polluants éternels – véritable “PFAS gate” !

 

Ce qui est mauvais pour les écosystèmes est mauvais pour nous, car nous faisons partie du vivant. Une seule santé… nous en reparlerons lors de l’examen du PRSE4.

 

Essayons de renforcer ensemble les solidarités, de réussir la transition vers les transports vertueux, car faire territoire et retrouver des services publics c’est aussi lutter contre le climat de défiance !

 

Notre assemblée abordera tout à l’heure cette « arlésienne » : le volet « mobilités » du contrat de plan État-Région. Il pourra se résumer en un mot : déception. Mais ce mot est trop faible.

 

Ce contrat de plan n’est pas du tout à la hauteur des attentes, car totalement sous-dimensionné, par faute de l’État, bien plus que de la Région qui fait des efforts conséquents, nous en sommes conscients.

 

Un seul exemple pour illustrer les manquements graves du gouvernement qui n’a pas arrêté de communiquer depuis 5 ans sur de soi-disant engagements pour le ferroviaire : la ligne Angoulême-Limoges. Malgré notre motion adoptée ici même, les financements pour la régénération de cette ligne sont absents. Un reliquat tout au plus, autour d’une trentaine de millions, est prévu pour une étude. Nos territoires ne peuvent pas se contenter d’études ni se résoudre à l’abandon… Très inquiétant également que ni la ligne Nantes-La Rochelle-Bordeaux ni la POLT ne soient clairement identifiées comme des lignes structurantes majeures. L’État aurait très bien pu ainsi afficher un peu d’attention à des habitants et des territoires qui ont absolument besoin de ces dessertes.

 

Le CESER lui-même le souligne, je cite : « Fruits de décennies de sous-investissement et d’une focalisation sur le développement des LGV, le réseau classique accuse un retard préoccupant. »

 

Finalement, au moment de voter ce CPER, on pourrait ainsi résumer les conséquences politiques de ce Contrat de Plan État-Région en matière de ferroviaire en Nouvelle-Aquitaine : « Avant on allait en train lentement pratiquement partout, aujourd’hui on va vite à peu près nulle part ».

À méditer cher·es collègues.

 

Force de proposition comme toujours, nous finirons cette plénière en vous proposant un vœu « Pour la réouverture de la ligne Lyon-Bordeaux » qui sera soumise à votre sagacité.

 

Vœu de la Région Nouvelle-Aquitaine pour demander à l’État la relance du Service Voyageurs Bordeaux-Lyon et donc la réouverture de sillons sur Bordeaux-Lyon, train d’aménagement et d’équilibre des territoires par excellence, symbole du ménagement du territoire que nous prônons, bien loin de l’effet tunnel.

 

Ce n’est peut-être pas le grand soir, mais à coup sûr un des milliers de « Petits Matins » que nous appelons de nos vœux pour réconcilier les citoyens et la République, par la justice sociale, pour la dignité de chacune et chacun.

Merci de votre attention. »