Christine Graval

Bassines : la Région doit clarifier sa position

Lors de la commission permanente du lundi 13 mars, la majorité régionale a émis un avis “réservé” sur la révision des règles de gestion des eaux du bassin de la rivière Boutonne. Une attitude bien trop timorée, voire ambigüe, alors que cette révision vise à permettre aux agriculteurs irrigants des niveaux de prélèvement d’eau insupportables pour les milieux naturels. À terme, cette révision a pour objectif de rendre possible la construction de 21 nouvelles mégabassines en Charente-Maritime !

Les élu·es écologistes ont voté contre cet avis bien insuffisant pour infléchir une situation de plus en plus conflictuelle, sous la pression de l’agro-industrie, avec la complicité  de l’Etat.

Les effets du dérèglement climatique sont déjà visibles, les sécheresses se multiplient, les zones humides et la biodiversité sont à l’agonie. Nous plaidons pour une baisse de la consommation d’eau et un meilleur partage de cette ressource et demandons que la Région cesse son double discours.

Depuis plus de trente ans, la rivière Boutonne – qui coule dans les départements des Deux-Sèvres et de la Charente-Maritime, et se jette dans le fleuve Charente -, et les nappes souterraines atteignent presque chaque été des seuils critiques. En cause : une pluviométrie insuffisante, des vagues de chaleur de plus en plus fréquentes et le développement de cultures très gourmandes en eau. 

 

Dans ce contexte dégradé, la révision du Schéma d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE) du bassin de la Boutonne, qui va maintenir des volumes prélevables insoutenables jusqu’en 2027, est un non-sens.

« La réponse aux épisodes de sécheresse et au manque d’eau ne réside pas dans ces réserves d’eau très controversées et sévèrement contestées par les scientifiques. Elle réside dans une évolution des pratiques agricoles. »

« Cette décision est motivée par le projet de réaliser à terme 21 nouvelles bassines sur la Boutonne, alors que le Tribunal de Poitiers a annulé leur autorisation en février 2021, dénonce Stéphane Trifiletti, conseiller régional de Charente-Maritime et coprésident du groupe. La France est actuellement en pleine sécheresse hivernale. La recharge des nappes souterraines est tardive et insuffisante, l’été s’annonce difficile. La situation est grave. Aussi, nous demandons à la Région de ne plus cautionner la confiscation de l’eau, bien commun, par une minorité d’agriculteurs irrigants. Il faut prendre des mesures d’anticipation pour enfin changer les pratiques agricoles : produire moins de maïs, sortir des pesticides, économiser et mieux partager l’eau. »

 

Une autre trajectoire est possible : dans la Vienne, alors que le projet de trente bassines sur le bassin du Clain fait polémique, citoyens, élus et associations ont pris l’initiative d’un projet territorial de gestion de l’eau “PTGE” pour une gestion de l’eau plus juste et démocratique. Un collectif de 14 associations a également demandé, le 9 mars dernier, un moratoire immédiat sur les projets de réserves de substitution et dénoncent le passage en force que constitue la construction des réserves de Mauzé-sur-le-Mignon et de Sainte-Soline malgré les recours.

 

 

« La réponse aux épisodes de sécheresse et au manque d’eau ne réside pas dans ces réserves d’eau très controversées et sévèrement contestées par les scientifiques. Elle réside dans une évolution des pratiques agricoles, souligne Christine Graval, conseillère régionale de Vienne. Nous cherchons un vrai partage de l’eau, en accord avec la loi sur l’eau et les milieux naturels et basé sur la réalité de la ressource. »

 

Pour Nicolas Gamache, conseiller régional des Deux-Sèvres : « La Région Nouvelle-Aquitaine doit cesser de soutenir, de manière plus ou moins déguisée, un modèle agricole intensif et dépassé, pour une poignée d’irrigants. L’argent public devrait être investi dans la transition agroécologique, avec des économies d’eau, notamment en changeant les variétés cultivées. »

Le groupe écologiste, solidaire et citoyen soutient depuis toujours la mobilisation contre les mégabassines. Alors qu’un grand rassemblement est prévu le week-end du 25 mars, les élu-e-s écologistes rappellent leur attachement au juste partage de l’eau, bien commun, et à la non-violence.

Soutien aux manifestant·es anti-mégabassines dont les procès se déroulent à La Rochelle et à Niort les 5 et 6 janvier

Le groupe écologiste, solidaire et citoyen apporte son soutien aux sept personnes appelées à comparaître ce début janvier pour avoir participé à des manifestations contre les mégabassines.

Le 5 janvier, deux personnes accusées d’avoir participé au débâchage de la bassine de Cram-Chaban (Charente-Maritime) le 6 novembre 2021 vont être jugées au tribunal de la Rochelle. Le 6 janvier, cinq autres personnes, dont trois agriculteurs, seront jugées au tribunal de Niort pour l’envahissement, le 22 septembre 2021, de la bassine en construction de Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres).

Or, lors de la première manifestation, ce ne sont pas deux mais près de 3000 personnes qui participaient, en coupant la bâche et en démontant la pompe, au désarmement d’une bassine construite et remplie illégalement depuis des années  à Cram-Chaban. La deuxième manifestation avait mobilisé des centaines de personnes, y compris du monde paysan, pour combattre ces dispositifs qui maintiennent une agriculture productiviste.

La justice décide aujourd’hui d’isoler quelques personnes pour tenter d’affaiblir la mobilisation contre les projets de mégabassines.

« La lutte pour le partage de l’eau est une question vitale, souligne Stéphane Trifiletti, conseiller régional de Charente-Maritime et co-président du groupe écologiste, solidaire et citoyen de la Région Nouvelle-Aquitaine. Nous résistons contre ces infrastructures qui accaparent l’eau, un bien commun, et dégradent la ressource. »

« Les bassines ne concernent qu'une poignée d'agriculteurs, ceux qui sont sur un modèle, d’un autre temps, d’agriculture productiviste. 10 % d'agriculteurs vont avoir un accès privilégié à l'eau et priver d'un bien commun les 90 % restants »,

« Les bassines ne concernent qu’une poignée d’agriculteurs, ceux qui sont sur un modèle, d’un autre temps, d’agriculture productiviste, précise Christine Graval, conseillère régionale écologiste de la Vienne. Principalement des cultures de maïs destinées à l’alimentation du bétail et à l’exportation. Et non des productions maraîchères qui vont servir localement à l’alimentation. Résultat : 10 % d’agriculteurs vont avoir un accès privilégié à l’eau et priver d’un bien commun les 90 % restants », détaille l’élue qui a participé à la manifestation anti-bassines de Sainte-Soline (Deux-Sèvres – département où 16 bassines sont en projet) les 29 et 30 octobre derniers.

 

« Ces mobilisations auxquelles nous participons en nombre montrent que la société refuse un modèle qui assèche et empoisonne les sols au profit de lobbys industriels et d’une minorité d’irrigants, explique Françoise Coutant, conseillère régionale écologiste de Charente, où 7 bassines sont prévues. Face à la nécessité de s’adapter aux futures sécheresses , nous prônons d’autres leviers à développer en priorité : l’agroécologie, le changement des cultures, le retour des prairies et l’amélioration de la qualité des sols pour qu’ils retiennent l’eau naturellement. », explique-t-elle.

 

« Nous réclamons une totale transparence, justice et démocratie dans cette affaire », conclut Katia Bourdin, conseillère régionale de Charente-Maritime.

 

Le groupe écologiste rappelle sa solidarité sans faille avec les sept personnes inculpées. Il invite chacune et chacun à être présent·es à leurs côtés devant les tribunaux les 5 et 6 janvier, puis à revenir manifester pour stopper les mégabassines le 25 mars prochain en Poitou-Charentes.