Laurence Motoman

MOTION · Restaurer la santé des sols pour préserver des terres fertiles

À l’occasion de la séance plénière du  12 & 13 juin 2023 le groupe écologiste, solidaire et citoyen a déposé la motion suivante :

Restaurer la santé des sols pour préserver des terres fertiles

Les sols ne sont pas une ressource renouvelable. Un centimètre met 1000 ans à se former. Les sols souffrent de diminution de la teneur en matières organiques, de pollutions accumulées, de perte de biodiversité, d’imperméabilisation et du tassement entraîné par l’utilisation de lourdes mécanisations agricoles et forestières. Ils sont un élément fondamental du cycle de l’eau en remplissant un rôle de réservoir, de tampon et d’épurateur. Face aux changements climatiques, les politiques d’atténuation et de gestion des risques doivent permettre aux sols de retrouver leurs propriétés naturelles.


En Nouvelle-Aquitaine, le rapport AcclimaTerra nous avait déjà alertés sur deux menaces pouvant s’accentuer avec les dérèglements climatiques : l’artificialisation et l’érosion hydrique. Concernant les sols, la feuille de route Néo Terra, s’était basée sur les seuls critères d’espaces et de stockage du carbone pour “préserver les terres agricoles, forestières et naturelles“. Désormais, d’autres risques sont à prévoir. La mise à jour de Néo Terra doit s’élargir à une vision écosystémique des sols, fondamentale pour la résilience climatique de tous les territoires.


Il est urgent d’accélérer les transformations permettant d’intégrer la protection, la gestion durable et la renaturation des sols dans notre modèle socio-économique. Il existe de nombreuses solutions fondées sur la nature telles que la suppression des pesticides et engrais de synthèse, la réduction des labours, le paillage, les couverts végétaux, l’agroforesterie, la diversité des cultures, ou encore le rétablissement de haies et; la fertilisation par micro-organismes (litière forestière fermentée).


Ces actions sont soutenues par plusieurs programmes ou fonds européens (« initiative 4 pour 1000 », Mission SOIL d’Horizon Europe, Programme LIFE…) auxquels la Région Nouvelle-Aquitaine peut s’associer pour accélérer les mesures de restauration des sols.


En 2019, la Région s’était engagée pour zéro % de perte nette de surface en milieux naturels et zéro destruction de zones humides. En 2023, engageons-nous à préserver et restaurer les sols !

 

Considérant l’importance des enjeux liés à la dégradation des sols, la Nouvelle-Aquitaine s’engage à amplifier les politiques régionales en faveur de la préservation et de la régénération des sols régionaux par des actions volontaristes :

 

  • Intégrer dans Néo Terra II, au chapitre « Préserver les terres agricoles, forestières et naturelles », une mise en cohérence avec les nouvelles réglementations et y inscrire le défi de restauration des fonctions naturelles des sols agricoles et forestiers ;
  • Dans le cadre des “programmes scientifiques de grandes ambitions régionales” engagés par la région, soutenir un programme de recherches spécifique en lien avec l’observatoire des sols européens (interactions et vulnérabilité des sols selon la fonction qu’ils assurent);
  • Soutenir un colloque scientifique sur « la résilience des sols face aux changements climatiques en Nouvelle-Aquitaine » ;
  • Créer une formation professionnelle d’expertise et de régénération des sols (diagnostics pédologiques, plans d’amélioration des sols…) ;
  • Développer les formations d’animation technique en agroforesterie avec les chambres d’agriculture et les lycées agricoles ;
  • Lancer un appel à projets agro-environnementaux spécifiques à la régénération des sols dégradés ;
  • Prendre en charge le coût de diagnostic des sols agricoles et forestiers lors de la cession de terres, en le conditionnant à la mise en œuvre d’un plan d’amélioration des fonctionnalités du sol.

Gestion des forêts privées : un nouveau schéma régional peu ambitieux pour les écologistes

Schéma régional de gestion sylvicole : le groupe Écologiste, solidaire et citoyen au Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine alerte sur les contradictions avec certains textes réglementaires et sur l’absence d’ambition dans le soutien aux politiques climatiques et la protection de la biodiversité. Il demande des modifications substantielles du projet.

Le Centre régional de la propriété forestière (CRPF) vient d’élaborer un projet de schéma régional de gestion sylvicole (SRGS). Celui-ci est basé sur le Programme régional de la forêt et du bois (PRFB) et ses objectifs d’augmentation des prélèvements de 2,8 millions de m3 supplémentaires en Nouvelle-Aquitaine. Pour les 19 élus régionaux écologistes, ce schéma s’appuie sur des études prospectives obsolètes qui ne prennent pas suffisamment en compte l’accélération des dérèglements climatiques. Et leurs conséquences sur les écosystèmes forestiers : incendies, stress hydrique, développement des ravageurs et maladies, diminution de la croissance des arbres, qui stockent alors moins le carbone…

 

« La gestion des forêts doit s’inscrire dans un horizon temporel particulièrement long et les cycles de production peuvent dépasser l’échelle du siècle. Il est essentiel d’effectuer des choix sylvicoles intégrant les projections climatiques. Nous sommes la seule région où l’on impose aucune limite de superficie aux coupes rases », souligne Laurence Motoman, conseillère régionale des Landes, membre de la commission Agriculture, alimentation, pêche, aquaculture, forêt, montagne.

 

« Ce projet de SRGS a une vision court-termiste et productiviste, poursuit l’élue. Cela est en contradiction avec la prise en compte de la multifonctionnalité des forêts et ne soutient pas suffisamment les politiques climatiques d’atténuation et d’adaptation. Il nous paraît dicté par les seules considérations économiques de la filière Forêts-Bois-Papier. »

« Il est impératif d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 et d’enrayer l’effondrement de la biodiversité : pourtant ce document ne semble pas en tenir compte. »

Une consultation préalable non prise en compte

Les élus écologistes regrettent également que les principales demandes des contributeurs à la consultation publique préalable aient été ignorées : 35 % d’entre eux ont critiqué les pratiques sylvicoles « intensives » et 60 % ont demandé une meilleure intégration de la biodiversité.

 

Laurence Motoman conclut : « Le document semble ne tenir compte ni de l’urgence climatique, ni des stratégies bas
carbone ni de celles pour la préservation de la biodiversité. Il est pourtant impératif d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 et d’enrayer l’effondrement de la biodiversité. C’est pourquoi notre groupe demande la révision de ce schéma».